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Commentaire de Nicole

sur Des trous dans la résilience : charité bien ordonnée commence par soi-même


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Nicole 17 août 2009 00:20

Sincèrement Philou, je ne pense pas du tout ça, et j’en ai parlé avec de nombreuses personnes ayant vécu de graves traumas, de même que j’ai côtoyé de près d’autres personnes qui étaient très convaincues de la valeur du pardon, et que je ne percevais pas dépourvues de rancoeur. Tout dépend, à mon avis de ce qui a été vécu, et des séquelles que ça a laissé.

Je ne sais pas si vous le savez, mais par exemple la population de ce qu’on appelait autrefois « les clodos » a changé. On y trouve beaucoup de personnes violemment maltraitées dans leur enfance. Je ne sais plus retrouver la page, mais je sais que c’est dans ce livre que j’ai lu ça : psychothérapie des victimes.

Dans la réalité, peu de parents maltraitants reconnaissent la gravité de leurs actes, et en fait, là, j’ai l’impression qu’on mélange (c’est aussi ça qui pose problème avec Cyrulnik pour nombre de personnes maltraitées : cet homme part de son histoire et il n’a jamais revu ses parents partis en camps, ce qui est horrible certes, mais ce n’est pas comme un enfant agressé par ses parents)...j’ai du mal à me souvenir d’où est venue l’évocation du pardon ; mais je fais la distinction de façon nette entre les souffrances subies par plusieurs, ou par le coup du sort et les souffrances liées à des violences endurées du fait d’un parent, voire des deux qui maltraitent. On sait bien qu’il s’agit de répétition, mais si la personne ne fait aucun travail par rapport à ses actes, pardonner ne veut rien dire. L’attitude doit changer.

Je vous dirai qu’on peut être en paix sans pardonner, et en pardonnant être déloyal avec soi-même, donc rater à un niveau. Si l’autre a été votre bourreau des années durant, et que pour réparer les atteintes qui peuvent être très profondes, vous passez des années de votre vie en recherche de comment composer avec les séquelles, comment les amoindrir, je ne crois pas qu’on puisse sérieusement penser au pardon spontanément, ce n’est pas le propos, ce qu’on cherche c’est à accroître à chaque jour qui passe les plages de bien être, le recul par rapport à la douleur. Si vous êtes en paix avec vous-même, l’échange avec l’autre peut être possible, tout en étant délimité par le travail que cet autre a accepté/ou pas de faire sur lui-même. Je ne crois pas du tout que le pardon vienne de la personne elle-même, et d’expérience, ce n’est que quand il y a thérapie familiale, jugement que le pardon est évoqué. Ca ne veut pas dire qu’il serait venu de la personne elle-même, ni que c’est bon pour elle.


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