Votre article me semble intéressant, mais plein d’ambiguïtés. Vous prônez une « croissance soutenable ». Je ne suis pas économiste, mais je sais que certains économistes - encore ultra-minoritaires, mais qui commencent à se faire entendre - disent qu’en l’état actuel des choses, aucune croissance n’est plus soutenable. Ils sont favorables, eux, à une décroissance soutenable, c’est-à-dire une décroissance intelligence, qui se fasse par paliers et de manière équitable. Au lieu de vouloir sans arrêt augmenter la taille du gâteau (ce qui semble impossible, car toutes les richesses dépendent directement ou indirectement des ressources naturelles) il serait plus judicieux d’arrêter le gaspillage et de partager le gâteau de manière plus juste.
Ensuite, pour ce qui est de la « gouvernance d’entreprise », je crains que votre idée de faire participer les salariés aux conseils d’administration ne soit un peu timide. Au pire, les salariés pourraient être récupérés et servir de caution au système. C’est ce qui s’est souvent passé dans les années 70, où beaucoup d’entreprises ont feint de donner plus d’autonomie aux salariés pour mieux leur fait accepter l’exploitation qu’ils subissaient. Voir l’ouvrage de référence : Le nouvel esprit du capitalisme, de Luc Boltanski et Eve Chiapello. Au mieux, les salariés pourraient effectivement prendre ou reprendre du pouvoir au sein de leurs entreprises. Mais alors pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Pourquoi ne pas proposer un objectif plus amibitieux, qui serait la prise de contrôle total des entreprises par leurs salariés ? En quoi la présence d’actionnaires est-elle utile à l’économie mondiale ?
Je sais, tout ce que j’écris peut passer pour de douces rêveries, mais attendez voir. Il y a encore un an, très peu de gens penseaient que des gouvernements libéraux nationaliseraient des banques. Si la crise continue et s’approfondit, bien des dogmes peuvent encore sauter.