Je sais bien, Tristan, que votre message ne s’adressait pas à moi mais à l’auteur de l’article. Vous ne m’en voudrez cependant pas, je l’espère, d’intervenir dans votre débat. J’ai trois petites objections à vous faire.
- Vous soupçonnez l’auteur de l’article d’être mu par la jalousie. Vous avez peut-être raison, je ne connais pas M. Imhotep. Ce qui est certain, c’est que des rémunérations aussi folles sont très mal acceptées de la part de gens qui triment aussi dur que les traders, font un boulot au moins aussi utile, et sont rémunérés cent fois ou mille fois moins. Peu importe qu’on appelle leur rancoeur « envie » ou « sentiment d’injustice ». Ce qui importe, c’est que de fortes inégalités de rémunération sont nuisibles à l’unité d’une société. Ceux qui sont en bas de l’échelle sont tentés de se révolter (et, pour ma part, je les comprends très bien), ceux qui sont en haut vivent dans une bulle dorée et ne peuvent guère se sentir solidaires de ceux qui sont en bas. Rien que pour cette raison, la rémunération des traders (mais aussi celle des grands patrons et gros actionnaires) et un scandale qui pourrait à terme se révéler politiquement explosif.
- Le scandale de la rémunération des traders vient aussi de ce que leur travail est loin d’être toujours utile à la société ! Ne sont-ils pas des agents importants dans la formation des bulles spéculatives et des crises qui en résultent ? Cf. à ce sujet la vidéo de Frédéric Lordon, à laquelle je renvoie dans le message ci-dessous.
- Vous avez raison de dire que n’importe qui ne peut pas devenir un bon trader. Mais - et là je cite encore une fois Lordon - ces génies de la finance sont peut-être aussi les plus dangereux. Aptes à manipuler les produits financiers les plus sophistiqués, ils ne sont pas pour rien dans la crise actuelle, qui vient en grande partie de cette sophistication même, laquelle a servi à maquiller les titres pourris.