J’aurais pu écrire cet article il y a vingt ans. Depuis, j’ai vécu assez longtemps pour comprendre à quel point je me serais fourvoyé. La triste vérité, c’est que le progrès technique n’existe que dans les fantasmes de futurologues qui feraient bien de sortir un peu. Dans les années 50, on a mis au point le laser, les semi-conducteurs, l’énergie nucléaire et le moteur fusée. Ce sont les dernières inventions de quelque importance que l’humanité aient faites. Le laser est aujourd’hui généré par des diodes au lieu de tubes à gaz, des diodes semi-conductrices. Les semi-conducteurs ont servi à faire des composants électroniques de plus en plus petits... mais qui ne diffèrent pas fondamentalement de ce qui se faisait dans les années 50. L’énergie nucléaire coûte si cher à développer et tout le monde a tellement peur de toucher quoi que ce soit aux systèmes existants que là encore, on n’a guère fait de progrès depuis les années 50. Quant au moteur fusée, force nous est de constater que la fusée Soyouz, qui date de 57, est encore largement utilisée de nos jours, avec les mêmes moulins (dérivés du V2) qu’à l’époque de Krouchtchev.
La technologie est au point mort. On est assaillis de gadgets de plus en plus sophistiqués ce qui nous maintient dans l’illusion que « le progrès » avance, mais ce n’est qu’une illusion. Les automobiles modernes ont beau être bourrées d’ordinateurs, les moteurs qui les animent ont le plus souvent une vingtaine d’années, et si la carrosserie est plus ronde et plus jolie, avec des phares au xénon et des radars de proximité, les chassis sont les mêmes depuis des lustres. Et pour ce qui est de l’informatique, non seulement la programmation n’a pas suivi l’explosion des capacités du hardware, mais elle en a pâti. Qui de nos jours programme en assembleur ? Personne, et pour cause : à quoi bon se casser la tête pour optimiser son code alors qu’il est si simple de rajouter de la mémoire, de changer de processeur ou d’attendre un peu que la magie électronique corrige les maladresses de programmation. Vous évoquez l’intelligence artificielle, êtes-vous seulement au
courant que ce champ de recherche est considéré comme mort et que les
étudians ne s’y intéressent plus ? L’intelligence artificielle est un échec de la science, on n’a pas réussi à faire, tout simplement.
En médecine, l’imposture encore plus flagrante. Il y a belle lurette que les gouvernements du monde entier ont déclaré la guerre au cancer. Quel résultat ? Aujourd’hui paraît-il, on guérit un cancer sur deux... enfin, on soigne avec une survie de plus de cinq ans. Et avant ? Avant, on ne dépistait pas. Certains cancers se guérissaient spontanément sans que le malade soit au courant de sa maladie. Les guérisons spontanées existent toujours aujourd’hui, mais ces guérisons sont mises sur le compte de « l’efficacité de la médecine moderne ». Une médecine qui en vingt-cinq ans, n’a pas réussi à soigner le SIDA. Une médecine toujours impuissante contre la malaria. Une médecine qui maintenant court partout en gloussant comme un poulet décapité à cause des risques... de grippe !
Hors de la technologie, la science « dure » avance, c’est vrai. On isole des bosons, on compte des sursauts gamma, on échafaude des théories des cordes pour expliquer la matière noire, l’énergie sombre et le trucmuche pas très clair... sauf que tout ça ne débouchera jamais sur aucune application pratique. Les scientifiques du CERN expliquent que « dans les années 1910, personne ne savait à quoi servirait la mécanique quantique et la relativité, et aujourd’hui, c’est à la base de l’électronique et du GPS ». Certes. Sauf qu’entre la découverte du photon (1905) et la formalisation de la théorie du laser (1927), il s’est écoulé une vingtaine d’années. Voici près de cinquante ans qu’on fait tourner des électrons, des positrons, des protons, des croûtons et autres bidulotrons à pédales dans des accélérateurs de plus en plus puissants, et pouvez-vous m’expliquer ce qu’il en est ressorti, concrètement, pour le contribuable de base ? Ah oui, on a découvert pourquoi le spin des trous noirs était proportionnel à l’entropie de l’univers primordial multiplié par l’âge de Niels Bohr quand il a eu ses premières règles. Ouais, super... Et ça nous dit que l’univers est né il y a 13,6 milliards d’années... génial ! Et que dans je ne sais combien de pétazillions d’années, les trous noirs vont s’évaporer par rayonnement de Hawking... putain, ça va être un joli spectacle.
Cela dit, excusez-moi si je vous semble prosaïque, mais j’ai un peu tendance à m’en foutre.