@ l’auteur
Il ne faudrait quand même ne pas tomber dans les délires de théologiens de bazar : si toute religion peut être assimilée à une doctrine, toute doctrine n’est pas une religion.
La religion est du domaine de l’irrationnel, alors que l’athéisme s’approprie celui de la raison. Souvent au Maroc, j’ai entendu des musulmans me dire « prouve-moi que dieu n’existe pas ! » On croit rêver ! La preuve par l’absurde pour justifier une foi qui repose sur l’incompréhension absolue du monde extérieur puisque les grands mythes fondateurs de religions tentent d’apporter des explications à l’existence du monde en développant des théories depuis longtemps réfutées par la science (et même par le bon sens) : feu, tremblements de terre, foudre, obscurité, éclipses, mort, maladies, etc.
A l’explication de l’apparition de l’homme sur terre proposée par les peuples sémites qui l’attribuent à un Dieu jouant avec un peu de boue (et dans le cas des musulmans en se mélangeant dans les couleurs des argiles), je préfère, et de loin, celle des Grecs la justifiant par Prométhée allant voler un peu de feu aux Dieux de l’Olympe. Le mythe est bien plus riche en enseignements.
La seule tentative faite par les hommes d’une religion puisant dans l’athéisme est celle qui institua le culte de la déesse Raison au lendemain de la Révolution Française. On sait quel sort ce culte a connu. L’athéisme peut être éradicateur, comme le sont souvent les religions et toutes les doctrines totalitaires quelles soient politiques, économique ou culturelles.
Quant à René Girard, sa théorie ne se résume pas à démontrer de façon magistrale des mécanismes mimétiques présents dans toute communauté vivante, mais à définir toute religion comme réponse circonstanciée à la violence. La lecture de ses ouvrages est suffisamment claire pour apporter la preuve que toutes les religions ne sont pas à enfouir dans le même sac, puisqu’elles ne donnent pas toutes les mêmes réponses à ces comportements qui tiraillent sans cesse les sociétés qu’elles soient nomades ou sédentaires.
Certaines évidences font toujours défaut dans le genre de débat que nous voudrions soulever au sein de nos sociétés à savoir que les grands mythes fondateurs du judaïsme et de l’islam ont été forgés dans des sociétés nomades, ce qui n’est pas le cas du christianisme qui, (retraite de 40 jours dans le désert mise à part), montre toujours un personnage allant prêcher de ville en ville sans se préoccuper des chefferies et des clans tribaux.
Dernier point : un nomade ne voit pas la violence comme un sédentaire. Or, certains textes fondateurs s’adressent à des nomades et non à des sédentaires (le mythe d’Abraham particulièrement).
Patrick Adam