Je voudrais vous faire part de ma
vision depuis l’étranger, et de mon expérience, en prenant du recul
et donc en passant par évolutions plus profondes dans l’enseignement
et les idéologies en jeu.
Pour bien voir les choses, comparons
avec les autres pays :
1 Anglosaxons
D’un côté le modèle anglo-saxon
(Angleterre et Amérique) : pratiquement tout le monde n’apprend rien
à l’école et obtient l’équivalent du BAC, qui ne représentent
plus rien et ne vaut plus rien dire (c’est la voie prise enFrance
avec le collège unique et poursuivie par l’actuelle réforme). MAIS
exeption importante : les très riches enfants (de banquiers, etc)
vont dans des écoles privées aux coûts astronomiques qui donnent
encore une formation acceptable. Quant à la masse, qui n’a quasiment
rien appris hormis le politiquement correct à l’école, elle n’a
aucune connaissance ni esprit critique et est seulement bonne à être
manipulée par la télévision, (et à s’adonner aux jeux vidéo, au
sport, ... et à se faire envoyer tuer en Irak, Afghanistan, demain
en Iran, pour les intérêts de certaines personnes très
puissantes...)
2 Germaniques
J’ai habité en l’Allemagne et encore
plus longtemps (et encore maintenant) aux Pays-Bas.
Dans ces pays il y a eu là aussi des
expériences de collège unique, qui ont montré comme en France que
cela était une absurdité (mais appliquée en France, pays qui s’est
également illustré en maintenant pendant des décenies
dogmatiquement la fameuse « méthode globale », abandonnée
tout de suite dans les autres pays, qui fait que les élèves
essayent de deviner les mots d’après leur forme, et donc se
trompent, au lieu de lire correctement...). Dieu soit loué, ces pays
n’ont pas appliqué ces méthodes prouvées désastreuses !
Dans ces pays il y a toujours trois
niveaux, les formations plus pratiques (professionnelles) sont celles
d’apprenti, qui fonctionnent très bien (essentiellement encadré en
formation avec un réel “maître” en entreprise, sinon des
travaux pratiques, très peu des cours abstraits comme on a dérivé
absurdement en France). Ces formations pratiques sont adéquates pour
les élèves non studieux et leur permettent de s’épanouir et
d’avoir des artisans très bien formés et compétents (au lieu
d’avoir des élèves frustrés en situation permanente d’échec dans
les collèges et lycées, et des profs et autres élèves frustrés
car eux ne peuvent pas avancer à cause des élèves qui ne sont pas
là à leur place.)
Seulement peu d’élèves vont au Lycée.
Quand on parle à des allemands des idéologies anglosaxones à la
mode en France (le BAC pour tout le monde ou du moins la majorité),
ça les fait rigoler, cela revient à un BAC qui ne vaut plus rien et
à plein de gens qui ont perdu leur temps à s’embêter à essayer
d’apprendre plein de choses qui ne les intéressent pas et leur
seront inutiles.
Aux Pays-Bas tous les
établissements publics (des maternelles aux universités) sont
libres d’embaucher eux-même leurs professeurs, choisir leurs élèves,
fixer les nombres d’heures des matières, ce que tout le monde trouve
normal (excepté certains sur le fait qu’il y a des “écoles
noires” - “zwarte scholen” dans les quartiers peuplés
d’immigrés non-Européens...)
Je me suis étendu car je crois qu’il
faut cadrer les choses dans leur contexte en comparant avec les pays
anglo-saxons (libéraux)et germaniques (continentaux / plus
traditionnels). Cela permet de mieux percevoir les enjeux politiques
et idéologiques qui sont les véritables raisons dont il ne faut pas
être naïvement inconscient. Il faut voir que les périls actuels
sont une conséquence de la mentalité “collège unique” qui est
en train de se transposer au lycée, et qu’encore par derrière on
impose la vision libérale anglo-saxone (seulement une
pseudo-éducation avilissante, abrutissante pour la masse, au mieux
utile aux besoins de certains, eux bien formés dans des
établissements hors de prix), comme cela fut commencé par les
gouvernements Pompidou, et surtout de Giscard. La marginalisation du
grec et latin n’en est qu’est symptôme final : on ne l’enrayera donc
qu’en se prenant à la cause plus profonde. D’autre part ce
libéralisme s’appuye sur des restes du marxisme, je veux dire le
fort égalitarisme qui perdure parmi les enseignants en France :
ainsi les libéraux bien rusés se justifient au nom de la
“démocratisation” et de l’opposition à la sélection.
Enfin mon témoignage pour terminer. Né
en 1966, je fis partie de la génération cobaye quand la réforme
Haby (libérale) fut imposée au collège. Nous étions censés faire
tous les anciens programmes de Lycée, mais les enseignants étaient
bien contents quand nous arrivions à en faire la moitié.
L’hétérogénité des classes était tellement absurde : dans mon
cas j’étais toujours de loin premier dans toutes les matières (sauf
en musique et sport) et je m’ennuyais profondément pendant les
cours. Mais d’un autre côté, il y avait des élèves qui
n’arrivaient même pas à comprendre les rudiments, même si les
prof. perdaient leur temps à répéter trois fois la même chose.
Dans ma classe il s’agissait des premiers enfants immigrés (il y en
avait encore peu en région parisienne), mais ils avaient tous été
mis dans ma classe, qui contenait par ailleurs les élèves avec
allemand première langue : il y avait une volonté politique,
marxiste au niveau local, d’empêcher que notre classe d’allemand
première langue puisse atteindre un meilleur niveau, plus élitiste,
quitte à encore plus défavoriser les immigrés... L’enseignant
d’allemand (qui faisait parfois des fautes grossières en allemand...
et qui consacraient des cours entiers à défendre l’intervention
soviétique en Afghanistan ou les évenements répressifs en Pologne)
était souvent furieux après moi, parce que je savais tout des
leçons... Il était d’un autre côté également furieux après les
mauvais élèves, il ne pouvait pas accepter la réalité des
différences de dons individuels, et cela illustre bien un facteurs
de nos problème lié à l’aveuglement quant au dogme égalistariste.