La charge de la preuve revient à celui qui affirme. C’est vrai pour « Dieu », c’est vrai pour les « fantômes », le « père Noël », les « chimères », la « mémoire de l’eau », etc.
Selon Henri Oldenburg (1618-1677, secrétaire de la Royal Society de Londres), dont le nom mérite de rester à jamais dans les annales de l’athéologie :
« Des définitions ne peuvent contenir autre chose que des concepts formés par notre esprit ; or notre esprit conçoit beaucoup d’objets qui n’existent pas et sa fécondité est grande à multiplier et à augmenter les objets qu’il a conçus. Je ne vois donc pas comment de ce concept que j’ai de Dieu, je puis inférer l’existence de Dieu. » (Lettre à Baruch Spinoza, 27 septembre 1661).
David Hume :
« It is certain there is a great difference betwixt [entre] the simple conception of the existence of an object and the belief [la croyance] of it. » (A Treatise of Human Nature, I, ii, sect. 7)
« Abstract reasonings cannot decide any question of fact or existence. » (Of the Immortality of the Soul)
Frédéric Nietzsche : « Nous n’avons pas le droit de supposer une création, car ce « concept » [de création] ne permet pas de comprendre quoi que ce soit. Créer du néant une force qui ne soit pas déjà là : ce n’est pas une hypothèse ! » (Fragments posthumes, Mp XVII 1b, hiver 1883-1884, [36]).
Clément d’Alexandrie eut fort à faire pour tirer dans le sens d’une création divine cette forte pensée d’Héraclite :
« Ce monde-ci, le même pour tous
nul des dieux ni des hommes ne l’a fait
Mais il était toujours, est et sera. » (Fragment XXX)
Nietzsche : « La « cause première », comme « la chose en soi », n’est pas une énigme mais une contradiction. » (W I 1, printemps 1884, [192]).
« Le concept de « création » est aujourd’hui absolument indéfinissable, inapplicable : ce n’est qu’un mot qui subsiste à l’état rudimentaire, depuis les temps de la surperstition ; avec un mot, on n’éclaircit rien. » (W II 5, printemps 1888, [188]) ; Frédéric Nietzsche retrouvait ainsi le principe de Lucrèce (-1er siècle) :
« Nullam rem e nilo gigni divinitus umquam. Rien n’est produit de rien par une force divine. » (De rerum natura, I, 150). Le couple Dieu-Univers n’est pas assimilable au couple voltairien horloger-horloge.
« Si les bœufs savaient dessiner, ils donneraient aux dieux forme bovine. » (Xénophane de Colophon, rapporté par Clément d’Alexandrie, Stromates ou Patchwork, V, 110) .
« Les dieux ne sont pas tels que la foule se les représente. » (Épicure, Lettre à Ménécée, 123)
« If God were not a necessary being of himself, he might [pourrait] almost seem to be made on purpose [exprès] for the use and benefit of mankind [l’humanité]. » (J. Tillotson, 1630-1694, Sermons, 93)
« [Rica :] On a dit fort bien que si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés. » (Montesquieu, Lettres persanes, LIX)
« Si Dieu nous a fait à son image, nous le lui avons bien rendu. » (Voltaire, Carnets)