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Commentaire de bluebeer

sur « Inglourious Basterds » : « On n'a pas le droit de faire ça à l'Histoire » ?


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bluebeer bluebeer 26 août 2009 10:38

Bonjour.

J’ai pas vu le film, et je ne suis pas sûr de le voir un jour, parce que je suis un fan très mitigé du grand Kwentin. J’avais vu Reservoir Dogs à sa sortie, et avais aimé le décalage personnages, situations. J’avais été bluffé par Pulp Fiction, à la structure narrative éclatée et aux contre-emplois brillants. Je me souviens peu de Jackie Brown – trop classique, sans doute. J’avais été sidéré par une nuit en enfer (acteur et scénariste) tant je trouvais le film – et le scénario - ringard. Mais je suis un fan éternel de True Romance (scénariste, réalisation de Tony Scott). D’autres trônent sur mes étagères, mais je ne me suis pas encore penché dessus. Bref, je suis pas un exégète du maître.

J’avais lu sur le net que True Romance était finalement une resucée/adaptation de Badlands, de Terence Malick. Très plausible, en fait, le fun en plus. J’ai compris aussi pourquoi la bande musicale, envoûtante, m’étais familière. Une pièce musicale de Orff et Keetman, extraite de Musica Poetica, et exploitée dans Badlands. Mais aucune référenciation dans True Romance. Bref, odeur de plagiat. Dans le sens, emprunt sans intention de rendre.

C’est pas très grave, et accommoder les restes des autres peut-être un art complexe et légitime. Non, ce qui me dérange, chez Tarantino, c’est la recherche effrénée des effets narratifs, et la fascination pour l’ultraviolence, qui va toujours de pair avec un besoin d’affirmation de soi et de domination. Et qui flatte, soit dit en passant, un fantasme profondément ancré dans l’imaginaire américain. Au point de banaliser et légitimer cette ultraviolence gratuite, désormais normale et attendue.

Ça plus le fait que toute cette débauche d’agitation scénaristique et narrative capte l’attention, certes, mais reste bien en deçà de l’intensité de la vie vraie. Sans être bégueule, j’ai un peu de mal avec les comédies hype sur fond de tragédie historique, non pas que je tienne au respect des icônes, mais je me méfie de l’effritement de la mémoire, ou des mémoires, comme si ces grands cataclysmes n’avaient jamais eu lieu et ne nous avaient rien appris, qu’il s’agissait seulement d’histoires et pas d’Histoire. Quoi que, les enfants juifs entassés dans les wagons à bestiaux auraient peut-être été heureux, voire soulagés, d’apprendre que 70 ans plus tard, leur infortune inspirerait à Hollywood des comédies enlevées et déjantées. Dommage qu’ils ne soient plus là pour en profiter.

Et puis je me méfie du bradage systématique, à grands renforts d’effets spéciaux, de la réalité. Laquelle, jusqu’à preuve du contraire, nous procure encore les émotions les plus tangibles.


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