Bonjour.
J’ai pas vu le film, et je ne suis pas
sûr de le voir un jour, parce que je suis un fan très mitigé du
grand Kwentin. J’avais vu Reservoir Dogs à sa sortie, et avais aimé
le décalage personnages, situations. J’avais été bluffé par Pulp
Fiction, à la structure narrative éclatée et aux contre-emplois
brillants. Je me souviens peu de Jackie Brown – trop classique,
sans doute. J’avais été sidéré par une nuit en enfer (acteur et
scénariste) tant je trouvais le film – et le scénario - ringard.
Mais je suis un fan éternel de True Romance (scénariste,
réalisation de Tony Scott). D’autres trônent sur mes étagères,
mais je ne me suis pas encore penché dessus. Bref, je suis pas un
exégète du maître.
J’avais lu sur le net que True Romance
était finalement une resucée/adaptation de Badlands, de Terence
Malick. Très plausible, en fait, le fun en plus. J’ai compris aussi
pourquoi la bande musicale, envoûtante, m’étais familière. Une
pièce musicale de Orff et Keetman, extraite de Musica Poetica, et
exploitée dans Badlands. Mais aucune référenciation dans True
Romance. Bref, odeur de plagiat. Dans le sens, emprunt sans intention
de rendre.
C’est pas très grave, et accommoder
les restes des autres peut-être un art complexe et légitime. Non,
ce qui me dérange, chez Tarantino, c’est la recherche effrénée des
effets narratifs, et la fascination pour l’ultraviolence, qui va
toujours de pair avec un besoin d’affirmation de soi et de
domination. Et qui flatte, soit dit en passant, un fantasme
profondément ancré dans l’imaginaire américain. Au point de
banaliser et légitimer cette ultraviolence gratuite, désormais
normale et attendue.
Ça plus le fait que toute cette
débauche d’agitation scénaristique et narrative capte l’attention,
certes, mais reste bien en deçà de l’intensité de la vie vraie.
Sans être bégueule, j’ai un peu de mal avec les comédies hype sur
fond de tragédie historique, non pas que je tienne au respect des
icônes, mais je me méfie de l’effritement de la mémoire, ou des
mémoires, comme si ces grands cataclysmes n’avaient jamais eu lieu
et ne nous avaient rien appris, qu’il s’agissait seulement
d’histoires et pas d’Histoire. Quoi que, les enfants juifs entassés
dans les wagons à bestiaux auraient peut-être été heureux, voire
soulagés, d’apprendre que 70 ans plus tard, leur infortune
inspirerait à Hollywood des comédies enlevées et déjantées.
Dommage qu’ils ne soient plus là pour en profiter.
Et puis je me méfie du bradage
systématique, à grands renforts d’effets spéciaux, de la réalité.
Laquelle, jusqu’à preuve du contraire, nous procure encore les
émotions les plus tangibles.