Premier point : il est faux qu’Allende ait été porté à la présidence par le peuple, par un puissant et irrésistible courant de tout le peuple. L’élection de 1970 fut une élection triangulaire. Le Parti démocrate-chrétien, dont le candidat Eduardo Frei avait été élu à la magistrature suprême en 1964, avec 55,6 % des voix, s’était, depuis lors, non pas exactement scindé en deux, mais détaché d’alliés conservateurs, qui présentèrent leur candidat propre. Le résultat fut qu’Allende, candidat d’une coalition électorale de Front populaire, arriva en tête avec 36,2 % des voix, contre 34,9 % au candidat conservateur et 27,8 % au démocrate-chrétien. En faisant le total, on constate aisément que 62,7 % des Chiliens ont voté contre Allende.
Déjà, je ne trouve pas ce premier point super rigoureux. Car si on applique ce raisonnement pour d’autres cas, on pourrait justifier, vu les taux d’abstention, un coup d’Etat en France ou même en Europe, on pourrait aussi justifier l’assassinat de Kennedy (après tout, il s’est mis tout le monde à dos aussi...).
Donc le « il est pas vraiment élu par tout le peuple, donc c’est pas si grave », n’invalide en rien le coup d’Etat, ni l’horreur de l’assassinat.
C’est comme si vous disiez d’une victime de viol qu’elle l’a bien cherché car elle était en mini-jupe. Je ne peux m’empêcher de ressentir un tiraillement de la réalité typique de la clique responsable de ces méfaits.