"L’appartenance
communautaire, voyez-vous, est la chose la plus naturelle qu’un
individu puisse connaître et, pour des raisons culturelles et
religieuses, les immigrés maghrébins la pratiquent à une très grande
échelle.
Par exemple, quand Azouz Begag parle des Français de souche avec des
issus maghrébins de l’immigration, il parle des Gaulois, des
descendants de Vercingetorix, séparant très clairement la société
française en NOUS (les Maghrébins et/ou issus de Maghrébins) et les EUX
(les Français de souche).
Mais je vous le répète, il n’y a rien de plus naturel, et si cela peut choquer quelques personnes, moi pas du tout.
« Sous prétexte qu’il s’agit d’« EUX », on devrait automatiquement être contre ? »
Pas du tout, une fois de plus ! Je ne pense pas qu’Azouz Begag soit
contre les « de souche », mais ça ne l’empêche pas de prendre certaines
distances, ce qui est encore une fois son droit le plus strict.
Le problème qui va se poser, alors, en cas de désaccords et à plus
forte raison de troubles graves, c’est celui de la loyauté à l’égard de
l’une ou de l’autre des communautés. Mais cela, c’est une autre
histoire...«
Ben oui, mais sauf que non, ce n’est pas »une autre histoire« ; c’est la même.
Que l’on se reconnaisse d’une communauté ethnique ou culturelle (voire religieuse), peut être, c’est exact, tout à fait légitime, et, comme vous dites, »naturel« dans le sens de l’instinct de nature.
Le problème, c’est quand cette reconnaissance s’érige en communautarisme, donc renforce les antagonismes entre communautés, au lieu d’en favoriser les échanges.
Or, s’il se trouve qu’une de ces communautés est elle-même désignée à la vindicte par une ou les autres, surgissent inexorablement ce que vous appelez pudiquement »les désaccords« , qui peuvent donc dégénérer.
Le sentiment ou la revendication d’appartenance à une communauté, pour n’être pas ostraciste, suppose la valorisation positive de ses traits caractéristiques, et l’acceptation des valeurs des autres, et des processus d’échanges entre elles ; comme, par l’exemple le plus abouti ; le métissage.
Il me semble que, dans la désignation du »nous« et du »eux« , ce n’est pas du tout ce dont il s’agit ; mais bel et bien d’une différenciation à caractère inclusif et excluant.
Bref, rien ne vaut la reconnaissance d’appartenance à une communauté d’idées et de valeurs, qui dépasse les communautarismes, pour créer un sentiment de solidarité entre les membres des différentes communautés.
On a, donc, toutes les raisons de se méfier, a priori de la distinction du »nous« et du »eux"..