Le Royaume-Uni - ancienne « puissance musulmane », rivale jadis de
la « puissance musulmane française »- compte 1600 lieux de culte pour
environ 2 millions de musulmans, soit le double qu’en France. L’énorme écart
entre les deux pays en matière d’offre de lieux de culte pour les musulmans de
chaque pays est très révélateur de la spécificité française en ce qui concerne
l’intégration de l’islam.
D’un autre côté, l’Allemagne -qui ne fut pas une "puissance
musulmane" et pour laquelle l’implantation de l’islam est somme toute
assez récente (1960") -la première mosquée française étant construite en
1857- possède, elle, selon La Croix, 159 mosquées avec coupoles et
minarets et 2600 lieux de culte non identifiables de l’extérieur[1]
pour les 3,5 millions de musulmans qui vivent dans ce pays, soit mille lieux de
culte de plus qu’en France.
Mme Claire de GALEMBERT, spécialiste de l’islam en France et en Allemagne
(CNRS), pour qui "le champ islamique semble moins intégré en France qu’en
Allemagne« , constate que »le thème de la construction des mosquées
bien que suscitant protestation et débats en Allemagne paraît en effet moins
sujet à controverse qu’en France"[2].
En Espagne où le sentiment religieux
catholique imprègne le quotidien des
Espagnols et où l’empreinte de l’occupation musulmane médiévale est
partout
visible – tout comme le souvenir de la colonisation espagnole au nord
du Maroc et au Sahara occidental est toujours vivant — le 1,5 millions
de musulmans qui
vivent dans le pays de Cervantès ont à leur disposition, selon le
quotidien
espagnol ABC[3], plus
de 800 lieux de culte islamique dont 427 sont légalement reconnus.
Quant aux autres pays limitrophes de
l’Hexagone, comme l’Italie et la Belgique, ils offrent eux aussi, toute
proportion gardée, plus de lieux de
culte à leurs musulmans que n’en fait la France. Non pas que dans
l’ensemble de
ces pays les difficultés n’existent pas, que les protestations de tel
ou tel
groupe islamophobe, voire même raciste ne font pas souvent parler
d’eux, mais
globalement, ces sociétés ont montré beaucoup moins de réticences et
une plus
faible résistance à l’encontre de la demande pressante de lieux de
culte
musulmans qu’il en est le cas dans l’Hexagone.