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Commentaire de Claude Courouve

sur Notes sur la pédophilie et les seuils de consentement


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Senatus populusque (Courouve) Claude Courouve 12 septembre 2009 08:56

La revue L’Infini publiée par Gallimard (avec le concours du Centre National des Lettres) et dirigée par Philippe Sollers (signataire de la pétition de 1977) a consacré l’ensemble de son numéro 59 d’automne 1997 (142 pages) à « La Question pédophile », avec une suite, une réaction publiée dans le numéro 60 d’hiver 97-98. Un questionnaire a été proposé, quarante-deux réponses de personnalités sont publiées. 

Roger Dadoun définit la pédophilie comme « intérêt sexuel pour l’enfant avec passage à l’acte » ; le pédophile selon Catherine Millot est un « adulte ayant des relations sexuelles avec un impubère ». Bertrand Boulin (1949-2002, fils de l’ancien ministre R.P.R. Robert Boulin) constatait que « l’enfant est aujourd’hui le mineur » ce qui est certes une confusion regrettable [encore faite par Roland Castro sur La Cinquième Ripostes, 11 mars 2001, et par Philippe Sollers sur LCI, 14 mars 2001]. Frédéric-Charles Coulet posait une question : « Y aurait-il par hasard un rapport entre la criminalisation [il s’agit plutôt de stigmatisation, puisque la pédérastie est en grande partie légale] de la pédérastie, l’éclipse d’une certaine beauté chez les jeunes et la délinquance des mineurs qui insiste chaque matin dans les colonnes des journaux ? » Florence Dupont déplorait un « déferlement de bonne conscience fondé sur la haine » et Gilles Chatelet (dans le n° 60) une « hystérie anti-pédophile ». Le magistrat Yves Lemoine constatait que « le sort de l’enfant est d’être abusé », mais on peut ne pas s’y résigner. 

Renaud Camus y écrivait, bien naïvement : « Si la sexualité, comme je crois, n’a strictement rien de répréhensible en soi, on ne voit pas pourquoi elle le serait chez les enfants, ou avec les enfants. Il est absurde de considérer qu’elle serait illicite jusqu’à un certain âge, et deviendrait licite du jour au lendemain, dès que cet âge est dépassé. Les enfants ont une sexualité et des pulsions sentimentales bien connues, qui peuvent très bien se porter sur des adultes, en particulier sur de jeunes et beaux adultes, professeurs de gymnastiques ou moniteurs de colonies de vacances, comme nous l’avons tous vu » ; il considèrait la pédophilie comme une « arme absolue de langage ». Sur son site web, visité le 18 mai 2001, il persistait : «  Les enfants sont le dernier bastion de la haine du sexe. Autant dire qu’il est farouchement protégé. Pourtant, si on pensait vraiment que le sexe est tout à fait innocent ; si on était tout à fait convaincu, comme je le suis, que par essence il est tout entier du côté de la douceur, de la bienveillance, de la gentillesse, de l’humour, et bien sûr de la plus complète liberté de chacun ; si on acceptait de l’envisager comme un des plus grands bonheurs de la vie, certes, mais aussi comme l’un des rapports humains les plus riches, les plus complexes, les plus chargés de civilisation et de sens ; si on croyait vraiment tout cela, que l’on dit croire, mais que l’on ne croit pas sérieusement, la preuve, on ne trouverait pas si monstrueux que des adultes initient des enfants à ces plaisirs-là, pourvu qu’il s’agisse bien de plaisirs, et véritablement de liberté.  » 

  Sylvain Desmille caractérisait pertinemment la pédophilie comme un « métissage des temps », ce qui est également vrai de la pédérastie grecque ou gidienne, et bien souvent même de l’homosexualité entre adultes ; comme l’écrivait Frédéric Nietzsche dans ses notes de lecture sur Dühring, «  toutes les fois que la différence d’âge ou de caractère produit un contraste semblable à celui de l’homme et de la femme, ce contraste peut aussi bien nourrir une expression dans la sensibilité  », ce qu’il n’était pas le premier à remarquer (car Horace et Montaigne avant lui). Enfin, deux exemples de l’inexistentialisme selon Marcel Gauchet : pour Philippe Forest, « l’enfance n’existe pas, elle est le rêve du pédophile » ; pour Michel Houellebecq, « les pulsions sexuelles de l’enfance n’existent pas ». 


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