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Commentaire de Sceptique

sur Ségolène Royal, victorieuse au premier tour ?


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Sceptique (---.---.27.61) 16 novembre 2006 12:32

N’importe quoi. C’est rare que je le dise, mais là il n’y a pas d’autre mot. Etayons.

« C’est-à-dire ? Que leur vote serait dicté par les sondages plus que par leur choix d’un programme ? Quel mépris en notre capacité de choix ! Quelle faible confiance en notre esprit critique ! »

Il ne suffit pas de contredire l’affirmation pour la rendre fausse. Les Français sont en majorité subjectifs lorsqu’ils sont dans l’isoloir, pas objectifs. Et regardons les choses en face, entre les sondovores et les fraudes hautement probables dans certaines fédés (Hérault, Alpes-Maritimes) qui ne serviront qu’à jeter une image de mauvais perdant sur les probables futurs battus, il y aura une frange non négligeable de voix dénuées de toute réflexion politique de fond qui se porteront sur elle. Combien ai-je entendu de personnes dire qu’ils n’étaient pas convaincus mais qu’ils voteraient tout de même pour elle car les sondages la donnent comme la mieux placée pour battre la droite au second tour, vous n’allez tout de même pas avoir le culot de nier cette évidence.

« C’est le people de l’équipe dont le siège de campagne est généreusement financé par son épouse Anne Sinclair, l’ancienne star du journalisme politique, animatrice de 7 sur 7, avec les indemnités de TF1. »

Attendez, on nage en plein délire là. Strauss-Kahn, le people de l’équipe ? Comparativement à Ségolène ? Et si on parlait un peu d’exposition médiatique pendant cette pré-campagne ? De l’origine de la popularité de la favorite ? Et si on parlait de son époux aussi, tant qu’on en est là ? Brandir la mégalomanie et la théorie du complot avec TF1 pour démolir DSK, ça me paraît bien trop léger pour être pris au sérieux comme argument. Venant d’une journaliste, c’est douloureusement surprenant.

« Et plus que jamais imposer son pragmatisme. On ne se gausse plus de la présidente de Poitou-Charentes, on envie sa politique écologique, sa compréhension populaire, son pragmatisme. »

Bien sûr, son pragmatisme. Un programme fluctuant voguant au gré des sondages et de l’humeur du public, dénoncé par les experts chargés d’évaluer le budget des différents programmes pour son opacité, vous appelez ça du pragmatisme ? J’appelle ça de la démagogie, dans sa plus stricte expression. Et ne vous déplaise, si, on se gausse de la présidente du Poitou-Charente, et c’est même ses bourdes et son manque d’assurance qui la rendent sympathique aux yeux de bon nombre d’électeurs, pour des questions d’accessibilité du personnage. Un peu comme ces héros de feuilleton à taille humaine auxquels les spectateurs s’identifient. On est loin de l’objectif et du pragmatisme là.

« Juste à la rapprocher de ceux qu’elle représente à une ère charnière où les médias du wWeb 2.0 ont rendu patent le clivage entre les citoyens et les différents pouvoirs. »

Justement, il ne vous aura pas échappé que les médias du Web 2.0 sont globalement sceptiques sur elle. Il suffit de regarder les articles ici-même ou sur d’autres portails à succès. Ca ne vous interpelle pas, cet écart de popularité entre la presse populaire et les pôles de réflexion politique du Web ?

« Dernier argument capital, elle ne semble pas briguer le pouvoir pour le pouvoir. Elle incarne une autre vision du chef d’Etat, une autre façon de gouverner. »

Quel dommage que je n’aie plus le lien de cette interview où le présentateur demande à Mme Royal « Vous aimez le pouvoir, n’est-ce pas ? » Et elle, rigolarde « Oui... oui, comment vous répondre autre chose ? ». Mais sinon, son entourage vous expliquera mieux que moi à quel point elle a les dents qui raclent le parquet. Bizarrement, l’administration de sa région est généralement engagée avec les autres candidats PS, sûrement une coïncidence.

« En phase avec la société, elle a su s’emparer du blog mieux que les autres avec Désirs d’avenir. »

Je mettrai sur le compte du partisanisme cette énormité. Etes-vous allée sur le blog de Laurent Fabius, ou celui de DSK ? Désirs d’avenir pratique la censure à outrance pour toute opinion contraire ou remise en question, l’objectif marketing étant clairement de ne dégager qu’une image propre, positive, et aseptisée bien sûr de tout débat de fond. Bizarrement ses concurrents n’ont pas jugé bon de maintenir la censure à un tel niveau, mais c’est sans doute ça, le vrai désir d’avenir. Et puis soyons sérieux, elle est loin d’être une pionnière en la matière, elle a juste suivi le mouvement lorsque sa popularité lui a fait envisager cette investiture.

« Comme elle a osé lors du dernier meeting »fendre l’armure", pouvait-on lire dans la presse, et présenter sa candidature comme celle qui ferait avancer les femmes, victimes encore de bien des discriminations qu’elle n’a pas hésité à énumérer. On lui a assez reproché de jouer de ses tailleurs, mettant en avant une silhouette plus à même d’être en couverture de Elle, que DSK ou Laurent Fabius. Et alors ? Ce n’est qu’une juste revanche, et un biais pour retourner la misogynie dont elle a été victime d’emblée, dès que sa candidature fut annoncée."

Extraordinaire. Ca y est, elle l’a dit, elle a donc forcément raison. Comparez donc le taux de féminité entre son équipe et celle de DSK. Je vous renvoie aux réactions légitimes de Trautmann et Tasca sur le sujet. Brandir l’argument de la misogynie n’est qu’une excuse de plus pour retrancher le débat de fond derrière un prétexte de forme, injustifié qui plus est. Et sortez donc du cliché sur ces Français qui ne voudraient pas d’une femme présidente, autre excuse bidon invoquée à tort et à travers. Je serais surpris que Michèle Alliot-Marie, ministre dans un domaine masculin au possible s’il en est, ait recours à de telles platitudes si elle se lance dans la course à l’investiture UMP. Ayez l’honnêteté de reconnaître que c’est le personnage et ses méthodes qui sont critiqués, non la femme.

« Puisque Ségolène Royal est sa seule adversaire en mesure - du moins dans les sondages - de l’emporter contre lui. »

Mais on se fout des sondages, n’est-ce pas ? ...

Bref, inutile d’en rajouter, comme à chaque article sur Ségolène je cherche objectivement des arguments de fond, et n’y trouve que les clichés médiatico-paranoïaques qui servent son efficace entreprise de victimisation et entretiennent pour le grand public cette image tronquée de femme moderne, pragmatique (! !) et proche du peuple. Triste démocratie.


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