Lorsque l’on informe la police nationale de faits exacts il ne s’agit
pas de délation, ni de dénonciation, il s’agit de civisme. Aucune
police ne peut d’ailleurs correctement fonctionner sans du
renseignement et sans l’aide de la population puisque les policiers ne
disposent pas de boules de cristal ou de cartomanciennes. Je lis
beaucoup de commentaires sur la période de l’Etat français (expression
remise au goût du jour par un célèbre avocat corse et qui est,
stupidement, employée dorénavant pour parler de l’Etat) avec une énorme
confusion entre « lettre anonyme de dénonciation à l’occupant et à ses
collaborateurs » ce qui est hautement condamnable et « information
d’une police démocratique dans un état démocratique » ce qui est
hautement justifié. Cette confusion montre d’ailleurs un curieux
mélange entre méconnaissance historique des choses et analyse douteuse
des faits. Avec un résultat principal : la justification de
l’incivisme. Et un résultat accessoire : la non élucidation de nombreux
faits de petite et moyenne importance judiciaire qui perturbent
pourtant la vie quotidienne du citoyen. Cette confusion des genres
conduisant au triste bilan de voir des délinquants se pavaner en étant
certains de l’impunité ; de voir des citoyens justifier, à bon compte,
leur lâcheté ; de voir des policiers se désintéresser des enquêtes
faute d’implication de quiconque dans le dossier. Le tout amenant un
climat détestable dans certains points du territoire, au détriment de
ceux qui y vivent. Et si chacun se posait la question de son choix :
cercle vertueux ou cercle vicieux ? Ce qui aurait peut être pour
conséquence d’avoir des policiers demeurant, en région parisienne, dans
leur ville d’affectation. Et donc une proximité. Et donc une
solidarité. Et donc une sécurité. Et donc un éventuel retour des
services publics et des commerces. Dans le cas contraire nous aurons,
après demain, des patrouilles à l’afghane avec casque, fusils d’assaut
et gilets pare-balles à port apparent.