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Commentaire de Le matou

sur L'Imposture globale ou réchauffement climatique anthropologique


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Le matou 21 septembre 2009 23:52

Votre argument sur la durée de vie moyenne du CO2 dans l’atmosphère peut sembler pertinent à première vue, pour l’instant il me semble surtout extrêmement fallacieux. La réalité est un peu plus compliquée que cela...Vous pouvez très bien avoir une durée de vie moyenne du CO2 de 7,7 ans, mais ce chiffre tout seul n’est pas représentatif de la réalité des échanges entre les océans, la biosphère et l’atmosphère. Une fraction du CO2 émis sera en effet absorbée beaucoup plus rapidement (par exemple en quelques jours) et une autre beaucoup plus lentement (plusieurs centaines d’années).

Mais ce qui nous intéresse, ce n’est pas la durée de vie moyenne du CO2 dans l’atmosphère, c’est : quelle part du carbone émis par l’homme va s’accumuler dans l’atmosphère et y rester pendant plusieurs décennies ? Pourquoi ? Parce que l’on constate que la concentration en CO2 dans l’atmosphère augmente (et ce depuis beaucoup plus que 7,7 ans...) Si la concentration en CO2 dans l’atmosphère augmente c’est bien qu’il y a un déséquilibre qui est apparu dans le cycle du carbone entre d’une part les émissions de CO2 et d’autre part son absorption par le système Terre. Il faut donc quantifier ce déséquilibre, ce qui permet au passage de déterminer si oui ou non nous pouvons avoir une influence... De mémoire, selon le GIEC, l’augmentation de la quantité de CO2 dans l’atmosphère correspond à peu près à la moitié des émissions d’origine anthropique. De ce constat, on déduit que oui les émissions humaines ont un impact sur l’atmosphère. Etonnamment, si vous creusez un peu plus loin, vous constatez qu’il existe une corrélation troublante entre l’augmentation de la teneur en CO2 dans l’atmosphère observée depuis un siècle et demi et les activités humaines. Cette corrélation est beaucoup plus évidente qu’une éventuelle corrélation avec l’activité solaire (qui existe aussi mais qui ne permet pas d’expliquer l’évolution observée depuis un siècle et demi).

Vous ne comprenez toujours pas ? Si vous remplissez un bassin d’eau avec un débit de 1,1 m3/s et que de l’autre côté vous le videz avec un débit de 1 m3/s, peut-être que la durée moyenne de séjour des molécules d’eau dans le bassin n’est que de quelques minutes à un instant t. Il n’empêche que votre bassin va bel et bien se remplir d’eau. C’est la même chose pour le CO2. Vous pouvez avoir une durée de vie moyenne du CO2 dans l’atmosphère de 7,7 ans, il n’empêche que si les émissions de CO2 excèdent la capacité de captation de la biosphère, une partie du CO2 émis va s’accumuler dans l’atmosphère et y séjourner beaucoup plus longtemps que 7,7 ans...

Allez, comme en plus vous avez déformé (sciemment ou non je n’en sais rien) les propos du GIEC, je vous copie ici un extrait du rapport du groupe de travail n°1 (celui qui travaille sur les bases scientifiques physiques du réchauffement climatique) :

<<Carbon dioxide cycles between the atmosphere, oceans and
land biosphere. Its removal from the atmosphere involves a
range of processes with different time scales. About 50% of
a CO2 increase will be removed from the atmosphere within
30 years, and a further 30% will be removed within a few
centuries. The remaining 20% may stay in the atmosphere
for many thousands of years.

• Improved estimates of ocean uptake of CO2 suggest little
change in the ocean carbon sink of 2.2 ± 0.5 GtC yr–1
between the 1990s and the first five years of the 21st
century. Models indicate that the fraction of fossil fuel
and cement emissions of CO2 taken up by the ocean will
decline if atmospheric CO2 continues to increase.« >>

http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-wg1-chapter7.pdf

Au passage vous constatez que le GIEC ne donne pas une fourchette de 100 à 200 ans comme vous lui faites dire.

 Je vous recommande en tous cas cette lecture, ça vous fera cogiter et vous apprendrez des choses intéressantes. Vous pouvez avoir une lecture critique, mais évitez les raisonnements hâtifs et fallacieux, surtout que vous avez à l’évidence un a priori défavorable pour les travaux du GIEC, ce qui risque en effet de nuire à votre objectivité.

 »Dans un autre commentaire sous le même article, vous affirmez :

 »Au passage, un grand scientifique comme vous devrait savoir qu’on ne peut pas se baser sur un échantillon trop petit pour établir des lois statistiques. Dire que le climat ne se réchauffe plus depuis 10 ans est faux et c’est faire preuve de malhonnêteté intellectuelle.« 

Ce qui ne vous empêche nullement, de soutenir ensuite, faisant fi de toute cohérence :

 »Pourtant malgré l’activité solaire historiquement basse, cet été est le 5e le plus chaud depuis 1950.« "

Je maintiens ce que je dis. Vous partez de l’observation selon laquelle 1998 est une année exceptionnellement chaude pour conclure que parce que toutes les années qui suivent étaient moins chaudes, le climat ne se réchauffe plus voire se refroidit. C’est une erreur de raisonnement majeure qui ignore la très grande variabilité climatique. Une tendance de long terme au réchauffement peut très bien laisser apparaître ça et là des périodes de refroidissement ou de stagnation, a fortiori quand en plus l’activité solaire est historiquement faible comme c’est le cas actuellement. La courbe de température n’est pas lisse et strictement croissante, contrairement à ce que vous essayez de faire dire au GIEC. Le record de 1998 sera battu dans les prochaines années (sauf coup de mou prolongé du soleil, éruption volcanique majeure ou hiver nucléaire, tous évènements qu’on peut espérer être peu probables...)

Ensuite, l’incohérence est de votre côté : selon vous si j’ai bien compris, c’est l’activité solaire qui est déterminante pour expliquer le réchauffement actuel. L’activité solaire est actuellement historiquement faible, les températures restent inhabituellement élevées... Qui est incohérent ?
Bien sûr vous me direz qu’il y a l’inertie colossale de la Terre et des océans. C’est exact. Mais vous oubliez une chose, c’est que l’inertie ça marche dans les 2 sens... Et on ne peut pas expliquer le réchauffement observé ces dernières années (surtout ces dernières décennies où il s’est clairement accéléré) seulement par l’activité solaire (surtout en prenant en compte l’inertie des océans). C’est donc qu’il y a un autre phénomène... Ce phénomène, jusqu’à preuve du contraire, c’est le forçage radiatif lié à l’augmentation de la concentration en GES dans l’atmosphère...


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