L’objet de mon article n’est pas de me prononcer sur la culpabilité de Polanski. Le système du plaider coupable fait que, désormais, Polanski se trouve dans le cadre du pacte qu’il a signé avec celle qui est légalement sa victime (qui implique qu’il reconnaisse officiellement et juridiquement les faits qui lui sont imputés). Ce qu’il cherche, c’est que la justice respecte l’engagement pris par le procureur en 1977, que je juge s’apprêtait à ne pas suivre lorsque Polanski a pris le large.
Il ne faut pas oublier, d’ailleurs, que Polanski s’était fait plutôt mal voir des institutions californiennes dans son film Chinatown, sorti en 1974 (en 1975 et 1976, il était en France pour un autre film), où il dénonçait un important scandale local, politico-financier (et environnemental, si ma mémoire est bonne) tiré d’un livre, et que cela jouait dans ses relations avec les institutions locales. Le film aurait dû être tourné par l’auteur du livre et a finalement été confié à Polanski. Y avait-il un risque pour son auteur ? Tout ceci, mêlé au fait que Polanski menait une vie déréglée qui le rendait vulnérable aux provocations, donne un parfum légèrement différent de ce qu’on lit couramment, mais encore une fois, l’objet de cet article est la difficulté de la preuve et de la disculpation, et la perversité de certains dispositifs juridiques.
Il est parfaitement exact que les motivations affichées par bcp de ses soutiens tiennent au corporatisme et à une notion de privilège qui est intolérable. C’est indécent.
Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas simplement appel au droit au rachat dont bénéficie chaque coupable, qu’il soit puissant ou misérable.