Monsieur Bilger, vous m’étonnez.
- L’affaire n’est pas complexe, elle est très simple.
Un homme a eu une relation sexuelle avec une mineure non consentante. Pour
cela, il a usé d’artifices (faire des photos + alcool + drogue) pour parvenir à ses fins. Il s’agit là du
comportement d’un prédateur qui guette sa proie et met en place une
stratégie machiavélique. Ce n’est donc pas une pulsion. Cet homme, selon
vous, nie qu’il y ait eu viol. Et selon la victime, pouvez-vous nous en
parler ? Quoi qu’il en soit, à 13 ans (et surtout à l’époque où les
enfants étaient tenus à l’écart de ce qui se passait dans le monde) on ne
peut être qu’influencé par un adulte. Quand on est manipulé, il y a vice
de consentement, la manœuvre est dolosive.
- Quelles circonstances atténuantes cet homme a-t-il ?
A. L’ancienneté des faits ? Mais il a fui ! Qui a les moyens de
fuir aussi longtemps ? Le criminel moyen ? Cautionnez-vous la
fuite des délinquants et criminels pour ensuite leur attribuer le
blanc-seing ? Trop facile. B. Le fait qu’il ait connu des tourments
dans son passé ? Mais combien de personnes ont connu un passé au
moins aussi tourmenté et ne l’ont pas imités dans cet acte pervers ?
Boris Cyrulnik l’a suffisamment relaté dans ses travaux. Le « tel père tel
fils » n’est pas la règle ; il n’y a pas de fatalité ; il y
a aussi du libre arbitre, la résilience. C.- A-t-il récidivé ? on ne
le sait pas, on ne peut rien affirmer. De nombreux crimes et délits ne
sont pas découverts. Combien d’enfants Thaï ou Sénégalais ne forment-ils
pas un contingent de chair fraîche dont on ignorera les consommateurs
?
- Vous parlez de pureté de la légalité. Mais la loi n’est
pas pure, elle est l’expression imparfaite d’hommes imparfaits. Elle est l’expression
temporelle et changeante d’hommes temporels et changeants. SEULE DEMEURE LA PERENNITE D’UN
ACTE CRIMINEL QUE RIEN NE PEUT JAMAIS VENIR REPARER. Il ne peut donc
appartenir à un homme d’interpréter cette loi comme vous le faites
étrangement. La métaphore de la justice aveugle qui porte une balance est
ici piétinée. C’est cela, la pertinence.
- Vous dites que dans un document de 2008, la victime
a souhaité retirer sa plainte. Mais est-ce un document publié en 2008 qui
relatait une volonté récente ou plus ancienne ? Et sous quelles
pressions ? Donneriez-vous
aussi une validité à des aveux extorqués par la police ? Quand la
volonté commence-t-elle ? Quand finit-elle ?
- La justice est publique. Dès que deux personnes se
présentent devant la justice, leur différent est réglé au nom de la
société, pas au nom de la victime. Finalement, vous venez nous dire que
comme la victime a souhaité un arrangement ($$$), nous pouvons nous
faire justice nous-mêmes puisque en fin de compte, la justice est privée !
Vendetta, nous voilà, l’Etat de Droit est mort.
- « bienveillance, pertinence » :
usage de la fonction poétique du langage. Arguties. Je pourrai aussi faire
des effets stylistiques. Pas le temps.
Au final, à travers cet article
on apprend le visage changeant des lois et de leurs serviteurs. Bienveillance
envers certains criminels, pertinence envers d’autres. Il existe dans ce monde
des prédateurs qui doivent être écartés de la société. Point final.