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Commentaire de jcm

sur Le projet Némo cherche de nouvelles solutions pour les biocarburants


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jcm jcm 6 octobre 2009 21:20

Ce projet me semble reposer sur une réflexion qui aurait fait l’impasse sur les principales questions que l’on aurait dû se poser sur les utilisations possibles de ces « déchets » et sur les utilisations qui pourraient nous être les plus nécessaires, ou même indispensables, dans un avenir assez proche.

Prenons d’abord le cas de la paille : environ 4,5 à 5,5 millions de tonnes pourraient être rendues disponibles pour des usages non agricoles.

Voir notamment « Les pailles de céréales, ressources, valorisations, obstacles à leur mobilisation ».

« La paille de céréales a un PCI de 4300 KWh/T en moyenne pour 5 à 6 % de cendres. », soit un PCI très proche de celui du bois : si l’on souhaite tirer directement des calories de la paille la meilleure façon d’en obtenir un rendement élevé est de brûler cette paille en lui faisant subir le moins de transformations possible.

Car toute transformation étant consommatrice d’énergie cette énergie consommée s’inscrira en négatif par rapport au PCI de base.

Transformer la paille en agrocarburant nécessitera un cycle de transformation qui ne pourra que diminuer, et probablement de façon importante, la quantité finale d’énergie récupérée à partir de chaque tonne de paille.

Il faudra payer ces transformations : il faudra donc que le prix de vente du carburant produit couvre assez largement (afin qu’il y ait bénéfice dans l’opération) le coût des transformations plus le prix d’achat de la matière première.

Une matière première dont les producteurs aimeraient qu’elle puisse se négocier à un prix plus élevé que l’actuel, mais que les transformateurs ne souhaiteront pas non plus trop élevé.

Une telle filière n’aurait donc de sens que dans une période où le prix de l’énergie deviendrait nettement plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui, sans toutefois que cette filière soit assez productive pour fournir une substitut à une part importante de notre consommation d’énergie fossile.

On peut penser que le prix des énergies grimpera bientôt, et peut être très haut dans les quelques années à venir.

Cela donnera-t-il pour autant à cette filière une véritable raison d’être ?

Non car brûler directement ces déchets sera de toutes façons plus efficace du point de vue du rendement, mais il y aurait au moins une autre raison de ne pas se lancer dans cette filière : les besoins d’une agriculture devant faire face à un pétrole durablement très coûteux.

Ce coût élevé du pétrole rendrait très coûteux les engrais comme les labours et pourrait avoir pour conséquence des baisses de rendement laissant des quantités de « déchets » disponibles en nette décrue.

Déchets qui trouveraient alors une destination privilégiée : la restauration des sols, dont on sait qu’ils sont dans une large proportion fort dégradés avec un manque croissant de matières organiques.

On aurait donc comme recours une agriculture sur sols (à nouveau) riches très favorables à la pédogénèse (source naturelle d’enrichissement) et disposant de qualités sanitaires élevées.

S’il devenait vital de consacrer des quantités importantes de matière organique à cette restauration des sols, on verrait alors une compétition se développer entre les producteurs d’agrocarburants de seconde génération et les agriculteurs, et l’impératif de maintenir de bonnes conditions de sécurité alimentaire aurait vite raison des premiers.

Enfin si ’on veut tirer d’une tonne de paille un maximum d’énergie, on ne la fait pas brûler, on ne la transforme pas en carburant mais on l’utilise comme isolant, soit en doublage sur du bâti existant soit pour construire directement avec ce matériau.

Il me semble que si l’on examine l’utilisation de ces déchets du point de vue de leur utilité sociale et environnementale maximale deux voies sont prépondérantes : celle d’une restauration des sols même dans une époque de pétrole abordable, car une des conséquence serait un moindre niveau de pollution imputable à l’agriculture, et l’utilisation de ces déchets qui s’y prêtent le mieux dans l’isolation thermique et phonique, avec notamment l’avantage d’une très grande efficacité pour une dépense modique.

Un excellent rapport qualité / prix, à peu près imbattable.

Je ne sais pas quelle moitié de sa cervelle l’UE a utilisée pour nous sortir ce « nemo », ni dans quel état elle se trouvait, mais il y aurait beaucoup mieux à faire...


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