Du point de vue des idées, je me sens bien plus proche des « objecteurs de croissance » comme l’auteur que des écolos médiatiques comme Hulot et compagnie. A problème radical, il faut des solutions radicales. En revanche, sur le plan de la stratégie médiatique à adopter, je ne sais pas trop quoi penser. L’auteur le reconnaît lui-même, un vrai écologiste comme Pierre Rahbi a une audience confidentielle, presque ridicule par rapport à celle de Hulot et d’Arthus-Bertrand. Alors je me pose la question suivante : ne vaut-il pas mieux que les problèmes écologistes soient abordés de façon très imparfaite et par un « éco-tartuffe » plutôt qu’ils restent totalement ignorés du grand public ?
Honnêtement, je n’ai pas de réponse à cette question. D’un côté, je vois bien toute la récupération qui peut être faite de cette écologie médiatique (par Sarkozy, par le « green business », etc.) Je vois bien également que le discours de Hulot ne peut être vraiment libre et sincère étant donné ses « mécènes ». Mais je ne suis pas convaincu qu’il fasse nécessairement de l’ombre aux vrais écologistes - et notamment aux partisans de la décroissance. Peut-être même ces derniers peuvent-ils « surfer » sur la mode écologiste actuelle pour faire entendre leur voix et proposer de solutions radicales. L’idée de décroissance, totalement inaudible il y a dix ans, me semble gagner de plus en plus en légitimité, même si c’est pour l’instant dans un cadre pour l’instant très restreint. Sur France Culture par exemple, on entend de temps en temps parler des « objecteurs de croissance ». Pas plus tard que ce matin, ils étaient invités à une émission sur l’architecture et l’urbanisme écologiques. Evidemment, cette chaîne ne touche qu’une petite minorité, et elle laisse encore la part belle aux adorateurs de la croissance. Il n’empêche, c’est un signe que quelque chose - trop timidement et trop lentement sans doute - est en train de changer. Un autre exemple - plus convaincant : depuis quelques années, Jean-Luc Porquet consacre régulièrement ses chroniques du Canard Enchaîné à des sujets écologiques. Visiblement proche du mouvement de la décroissance, il ne se prive pas de dénoncer les « éco-tartuffes » du « Pacte écologique » et du « Grenelle de l’environnement ».