@ Armelle
Je ne connaissais pas la version du poète lituanien. Le final nous montre un héros devenu sage, ce n’est pas dans l’esprit le plus répandu, le mieux connu, du mythe qui au fond est un suicidaire, un provocateur qui hâte sa fin.
L’oeuvre de Mozart, dans le contexte de l’époque, est une transition entre deux mondes, celui de l’ancien régime, le père, le roi et Dieu, l’ordre social, ( le commandeur ) la conception classique, et le monde débridé du romantisme. Le romantisme anti-rationaliste...le siècle à venir.
La phrase de Musset me plait bien « Don Juan, la soif de l’infini dans la volupté »
Bien sûr, le génie, le charme et la grâce de Mozart peut faire passer le message le plus sombre et le plus tragique avec angélisme et finesse.
Le Don Juan qui me plait bien est celui de Molière...le plus Français sans doute.
C’est une occasion pour lui de régler ses comptes avec son époque empesée et rigide.
Molière se moque de Dieu et du diable ( des conceptions de son temps bien sur )
il se joue du ciel et de l’enfer, confond vice et vertu. Il se positionne comme un « diable incarné »
Derrière cette apparente légèreté s’enracine un être profond qui va au coeur de l’âme humaine.
Sa recherche est, par la provocation, faire sortir l’authenticité, la sincérité, une certaine vérité.
C’est de la conception du couple dont il s’agit. Don Juan, c’est la préoccupation de captiver l’autre, de le séduire, l’envouter, l’ensorceler...le dominer, le vaincre et le posséder.
Pourquoi, mais pourquoi non de dieu !
L’autre nous est inconnu, étranger, l’autre nous fait peur.
Don Juan ne pouvait rencontrer l’autre puisqu’il courrait après un fantôme de son passé.
Dans ma mise en scène à quatre balles, je voulais dire entre autre...
Adolescent, Don Juan connait l’émergence de l’amour, il prend conscience de ce qu’il est, car il a la conviction qu’il a été reconnu par l’autre. La rencontre, la rencontre tout est là.
Le pathétique, c’est d’être deux. L’autre n’est pas un objet qui devient nous, il doit garder une certaine distance et se retirer dans son mystère...l’autre doit aussi se définir, se positionner, trouver la juste attitude de dignité et d’originalité. L’autre ce n’est pas foncer comme Don Juan ou fuir comme Inès. L’autre c’est une reconnaissance, ce n’est pas une fusion narcissique de nous même.
J’aurais souhaité des échanges sur ce thème central, en toute simplicité. Au fond je sais que cela n’est pas possible, dans l’intimité d’un couple c’est déjà périlleux, alors sur la place publique, c’est utopique.
Merci Armelle