sources :
La France dans les années 1930 traverse une
période difficile de transition. Elle est affectée, vers 1931, par la
crise économique
mondiale. Une période d’agitation intellectuelle
s’empare des esprits, à la base de la création de nombreuses
ligues d’extrême droite lors des deux
Cartels des
gauches (qui poussent au renversement du second d’entre
eux, dirigé par
Daladier, lors des émeutes du
6 février
1934), ou encore le mouvement des
non-conformistes des années 1930, rassemblés
autour du
personnalisme d’
Emmanuel
Mounier. Le mouvement
technocratique (
X-Crise, etc.) trouve aussi ses origines dans
cette période troublée, de meme que certains partis plus ou moins fascistes,
tels que le
Parti populaire français de
Jacques Doriot ou le
Parti social français du
colonel de
la Rocque.
(...)Des
dysfonctionnements peuvent se saisir à trois niveaux. On citera en
1er lieu l’atmosphère de guerre civile larvée.
Exprimée dès l’arrivée au pouvoir de Léon Blum (apostrophe de Xavier
Vallat du 6 juin (il déplore de voir « ce vieux pays
gallo-romain […] gouverné par un juif » en considérant que « pour gouverner
cette nation paysanne qu’est la France, il vaut mieux avoir quelqu’un dont les
origines, si modestes soient-elles, se perdent dans les entrailles de notre sol,
qu’un talmudiste subtil ») elle est à relier à la force de
l’antisémitisme dans la France des années trente. Un deuxième
indicateur tient à la violence des polémiques dans la presse,
lesquelles se traduisent par une série d’affaires et la stigmatisation de
complots imaginaires. La presse de gauche est obsédée par la possibilité d’un
coup de force émanant de La Rocque et exploite sans beaucoup de discernement la
moindre affaire jugée obscure (le suicide d’Hugues de Barbuat, jeune cadre du
P.S.F.). De son côté, la presse, de droite, notamment l’hebdomadaire
Gringoire (600 000 exemplaires) se déchaîne contre Roger Salengro. La
violence physique s’ajoute à la violence verbale (heurts constants entre
militants du PCF et du PPF, de la gauche et du PSF, fusillade de
Clichy du 16 mars 1937). Un 3ème indicateur tient à
la tentation terroriste qui se manifeste à l’extrème droite par la création de
la Cagoule. Les éléments les plus exaltés de l’opposition nationaliste ont en
effet envisagé le recours à la voie activiste et terroriste afin de déstabiliser
un gouvernement honni et ont accumulé renseignements, dépôts d’armes et pratiqué
l’assassinat (Navachine, janvier 1937 etc).