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Commentaire de Tristan Valmour

sur La cybergénération prendra le pouvoir


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Tristan Valmour 28 octobre 2009 12:06

Bravo Yannick, vous avez tout bon ! La ligne de fracture politique ne se fera plus entre la gauche et la droite, mais entre le système horizontal et vertical.

 

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde dominé par le système vertical, pyramidal et malthusien. On crée la rareté, on filtre l’information pour conserver le contrôle sur les esprits et les sources de richesse. On fait croire à une concurrence qui n’est qu’un leurre.

 

Voici ce qu’écrivait Alain Lieury, professeur de psychologie cognitive à Rennes, au sujet du système scolaire : il se demande « si l’objectif scolaire est de faire apprendre des connaissances ou d’utiliser le savoir pour sélectionner ». Soit le système pyramidal et malthusien dont je parlais.

 

Il est en cela rejoint par Antoine de la Garanderie (qui n’est pas réputé pour être un révolutionnaire gauchiste) :  « La société dans son ensemble, l’institution scolaire dans sa spécificité ont adopté le principe darwinien de la concurrence pour que s’opère la sélection des plus aptes. Ce naturalisme est physiquement ruineux et moralement haïssable. Physiquement ruineux parce que si on le pousse à son terme, il devrait conduire à une perpétuelle élimination des uns par les autres… jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un, qui n’aura plus pour solution que de s’opposer à lui-même pour savoir qui est le plus fort entre ce qui, en lui, est opposant ou opposé… Moralement haïssable parce qu’il repose sur une constante production de victimes… sans souci de vérité, sans exigence de justice, sans aspiration de liberté. La fausseté de ce principe apparaît dès qu’on se livre aux enquêtes que nous avons développées dans cet ouvrage : il y a infiniment plus de ressources dans l’être humain que le principe de la concurrence n’en fait émerger. Alain disait que la charité est la foi dans l’homme. Je pense que cette charité fait œuvre de justice lorsqu’elle aide l’homme à se révéler les ressources qu’il porte en lui et dont il ne s’avisait pas. » (in pour une pédagogie de l’intelligence)

 

Et encore Antoine ici (in La motivation) : « Le petit nombre des élus a de quoi décourager même les bonnes volontés. Une société soucieuse de détecter une élite s’ingénie à multiplier les obstacles les plus sophistiqués afin de faire trébucher. […] D’où peut provenir que la société ait eu une conception fondamentalement malthusienne de l’élite ? Si la science a besoin de son langage, expression précise de son objet, l’ésotérisme du langage obligatoire est-il la carte de la communication pédagogique ? N’est-il pas utilisé à des fins moralement condamnables, soit décourager le plus grand nombre ? D’où découle dans l’opinion l’idée que la réussite intellectuelle est chose fort difficile, qui exige des aptitudes spéciales. L’élite est dès lors reconnue et son droit à être minoritaire fondé. […] Dans la perspective marxienne, il faudrait dire que le chercheur, marqué par l’idéologie dominante capitaliste, ne peut remettre en cause l’ordre social culturel, qui réserve à une minorité le droit à une large part du gâteau…. Il convient donc qu’il y ait peu d’élus dans l’examen des capacités individuelles, sinon il y aurait lieu de revoir le principe de l’inégalité du partage. Si tout le monde – ou si beaucoup de monde – est apte à remplir des tâches complexes, l’inégalité de la rémunération est remise en cause. A partir du moment où l’on accepterait l’hypothèse qu’être apte à relève non pas d’un don mais d’une méthode, il faudrait remettre en cause le principe de l’inégalité des capacités. Il y a une autre raison, directement épistémologique ( = discours sur les sciences) : au lieu de chercher comment l’on s’y prend pour penser, on fait appel à des moyens de mesurer les fruits extérieurs de la pensée grâce à des épreuves qui permettent d’utiliser l’instrument statistique (y compris les tests et les notes). Ces instruments consacrent (« prouvent ») l’inégalité des êtres humains puisque tout le monde est placé devant la même tâche. »

 

Internet est donc l’outil qui annoncera – peut-être – la société horizontale, la société de l’abondance où chacun trouvera une place. Le fonctionnement en réseau d’Internet est par ailleurs en adéquation totale avec le fonctionnement du cerveau, ce qui n’est pas sans incidence. La collaboration et coopération plutôt que la concurrence. La démocratie directe plutôt que la démocratie représentative. Les dernières découvertes en neurosciences (neuroplasticité, neurogénèse) et en génétique confirment que notre corps crée et alloue les ressources nécessaires à la réussite des tâches que nous nous donnons, ce qui en retour modifie notre corps. Or, l’élite en place veut conserver le monopole sur toute chose, sinon elle disparaît parce qu’en réalité, elle ne repose sur aucun fondement.

 

Nul doute, comme vous l’écrivez, que les résistances au changement des hommes politiques actuels se feront fortes. Car toute organisation humaine fonctionne comme l’être humain : elle vise la pérennité et active les défenses pour subsister. A nous d’être plus forts et plus solidaires, au-delà de nos petites querelles et divergences secondaires.

 


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