Sur Nolte, le débat sur le nazisme en Allemagne et.. la question de « l’identité nationale » de la RFA
CITATION
Au milieu des années 80, philosophes et historiens allemands
s’affrontèrent en une violente controverse dont l’enjeu portait en
grande partie sur la singularité de la solution finale. Le débat fut
déclenché après qu’Habermas eut qualifié de révisionnistes les analyses
proposées par trois historiens : Michael Sturmer, Ernst Nolte, Andreas
Hillgruber qui, outre la réintégration du passé sur laquelle ils
fondaient leurs travaux, engageaient par ailleurs une discussion sur la
place de l’historien dans la société.
A l’époque, nombreux étaient en
effet les hommes politiques qui attendaient de l’histoire qu’elle
devienne le support d’une éducation civique où patriotisme et fierté
nationale auraient pu être abordés sans honte.
Dans le même temps, deux
faits allaient être perçus comme allant dans le sens d’une insidieuse
réhabilitation de l’histoire nazie : d’une part, la visite du chancelier
Kohl et de Reagan au cimetière de Bitburg, en 1986, où les deux hommes
saluèrent la mémoire d’officiers allemands, d’autre part la
participation du chancelier à la rencontre des expulsés de Silésie.
Même contestés ou largement débattus, ces événements traduisaient une
lassitude devant les conséquences et la singularité qu’engendrait le
fait d’être un Allemand. L’évocation du quotidien fut pour certains le
moyen de transgresser, par l’ordinaire, les erreurs de la grande
Histoire, et d’offrir ainsi à l’homme de tous les jours l’ancrage lui
permettant de réhabiliter une mémoire continue. Tel est le contenu du
film d’Edgar Reitz, Heimat (1984), qui rencontra un succès
considérable, au moment de sa sortie en Allemagne de l’Ouest.
Si la
chute du mur, le 9 novembre 1989, a confirmé une tendance déjà amorcée
au cours des années précédentes, elle n’a pas tout à fait permis la
réconciliation. Car La peur de l’Autre, c’est également la peur
d’afficher sa propre identité. Dans les années 50, à l’Ouest, la peur
du communisme avait permis de ne pas aborder le passé nazi.
Plus tard,
l’Américain a rempli une fonction identique.
Dans la presse allemande
sont aujourd’hui assimilés le régime nazi et le régime est-allemand au
sein d’un débat qui remplace parfois les questions posées par
l’Histoire. Même si les Allemands ont considérablement évolué dans leur
approche du passé, on peut avancer l’idée que la peur de l’étranger,
mais aussi la traque des anciens de la Stasi empêchent à nouveau une
réelle compréhension du passé.-
FIN de CITATION
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