@U PERIPATE
« Dont on ne sait d’où il provient »..
Vous êtes handicapé du clavier ? Un petit recours à un moteur de recherche vous en aurait donné la source ! J’ai préféré vous laisser fantasmer sur un « texte de propagande communiste », comme au bon vieux temps du sénateur Mac Carthy..
La source de ce texte n’est, ni l’Huma, ni Granma, ni Informations ouvrières... mais un article de Béatrice FLEURY-VILATTE maître de conférences à l’université de Nancy.
« La mémoire allemande, tombeau du passé nazi »
Dont je vous livre l’intégrale :
DANS UN ARTICLE rédigé pour le Zeit, Jürgen Habermas écrivait en
1986 que le « travail du deuil » n’avait pu s’accomplir, en République
fédérale, parce que les Allemands n’avaient jamais envisagé la
culpabilité comme une part constitutive de leur histoire . L’analyse
était provocatrice car elle engageait à réhabiliter tant les
défaillances de la mémoire que leurs conséquences sur la société
allemande.
La réunification juridique des deux Allemagnes, le 3 octobre 1990, démontre, sur ce point, la pertinence de l’analyse d’Habermas. Accepter la réunification n’a pu en effet s’accomplir que par l’entremise d’une déclaration officielle de la responsabilité de tous les Allemands dans le nazisme. Un aveu tardif qui reconnaissait pour la première fois, non seulement le silence des années écoulées, mais aussi le poids du passé dans la constitution d’un avenir commun.
En
1945, la remise en cause du passé nazi s’est imposée du dehors, par la
voix des occupants, marquant de façon spécifique la mémoire ultérieure
des Allemands vis-à-vis de la période hitlérienne. L’occupation du
territoire allemand tant par les Alliés que par les Soviétiques n’a
en effet suscité que haines et rancoeurs de la part d’une population
qui s’est sentie incomprise et injustement persécutée.
Devant les
accusations , les Allemands invoquèrent les souffrances endurées et
surtout l’ignorance. Les Allemands dépeints dans les rapports de la SS
exprimaient alors une amère déception vis-à-vis de ceux qui détenaient
le pouvoir.
Göring était par exemple « maudit » pour ne pas avoir su « maintenir l’armée de l’air au sommet ». Le peuple allemand proclamait sa stupeur et son innocence : « Nous n’avons pas mérité qu’on nous conduise à une telle catastrophe ». Phrases où dirigeants nazis et occupants étaient confondus en filigrane parce que jugés également responsables d’avoir poussé les Allemands à la déchéance.
Pour
les occupants comme pour les Allemands, la priorité accordée à la
reconstruction amena à circonscrire la culpabilité et limiter le nombre
de responsables. Très vite, on parla de politique constructive et les
Allemands s’interrogèrent sur la validité des décisions prises par les
occupants en matière d’épuration.
Dès 1946, le philosophe allemand Karl Jaspers réfutait pour sa part la thèse selon laquelle nazis et Allemands ne feraient qu’un. Selon le philosophe, les Allemands étaient politiquement responsables, non pas moralement coupables. Une distinction pesant lourd à l’heure de l’épuration de la société allemande. En fait, cette souffrance unitaire aidait les Allemands à lutter contre le sentiment d’exclusion suggéré par la présence des occupants, et les fermait à toute compassion vis-à-vis des Juifs . Introduisant de fait une idée de partage, la souffrance excluait tous ceux qui avaient fui l’Allemagne, que ce soit de leur plein gré, ou non. Il est ainsi significatif que le premier film ouest-allemand réhabilitant ouvertement le national-socialisme le fit sur le principe d’un refus absolu de l’exil (les Fils de Mr Gaspary, Meyer, 1947) .
A l’Est comme à l’Ouest, l’avenir fut l’argument fédérateur en mesure de convaincre les Allemands qu’ils avaient choisi la bonne Allemagne. En s’identifiant à l’Armée rouge, symbole de liberté, les Allemands de l’Est pouvaient ainsi affirmer qu’Hitler n’était pas mort à l’Ouest et que les nazis y trouvaient encore asile. A l’Ouest en revanche, c’est l’anticommunisme qui fut le moyen de réunir des individus d’origine et de provenance différentes autour d’un objectif commun. Des deux Allemagnes, seule la République fédérale prit en compte l’extermination des Juifs. L’évacuation du thème à l’Est était non seulement liée à l’identification de la RDA avec les pays ayant vaincu le nazisme, mais également à l’analyse économique que les historiens marxistes avaient toujours donnée de la solution finale.
Les films de guerre
réalisés en Allemagne de l’Ouest au cours des années 50 confirment
l’idée selon laquelle l’anticommunisme a permis aux Allemands d’éluder
tout sentiment de culpabilité au profit d’une lutte morale engagée sur
un autre terrain, celui du danger que représentait l’adversaire
soviétique. Un film est significatif de ce transfert : Nacht fiel Uber
Gotenhafen (Wisbar, 1959. En Français, l’Ombre de l’Etoile rouge).
Mettant en scène la brutalité systématique des armées soviétiques qui
s’acharnent sur d’innocentes victimes allemandes, le film s’achève sur
une apothéose meurtrière au cours de laquelle l’armée soviétique
torpille un navire de réfugiés. L’événement était véridique. Transposé
au cinéma, il réussissait à engager une opération de mystification en
détournant les Allemands des brutalités commises par leurs propres
armées.
Dans les années 50 à l’Ouest, l’anticommunisme a permis d’éluder le problème de la culpabilité, mais il a parallèlement permis d’innocenter certains. Ainsi en est-il de la Wehrmarcht qui a régulièrement servi de point de départ à des publications, des débats, des films qui s’interrogeaient tous sur son degré d’implication dans les rouages nazis. Une distinction devenait opérante : celle distinguant les officiers de la Wehrmacht des membres de la SS. Les films qui mettaient par exemple en scène le destin tragique de la Wehrmacht le faisaient en opposant au héros intègre et dévoué à l’Allemagne, un SS noir et machiavélique ( le Général du diable de Helmut Kaütner).
Conjointement,
fut évoqué le problème relatif à la résistance de l’armée allemande.
Ainsi, début 1952, Publications européennes était créé. Il s’agissait
d’un cercle d’études qui s’appuyait sur des documents et des
témoignages retraçant l’histoire de la résistance militaire pendant la
période hitlérienne.
Un de ses rapports publié en juillet 1954 ne
présentait pas la thèse d’une insubordination à l’Etat quand celui-ci
était perverti. Il défendait cependant l’idée que « la fidélité au
serment perd toute valeur si celui qui possède la puissance a lui-même
trahi son peuple. Le droit à la résistance est donc conforme au droit
allemand traditionnel ».
Le contexte international se prêtait en fait à la définition de ce qui pouvait ou non être jugé légitime. En effet, au début des années 50, est envisagée la possibilité d’intégrer l’Allemagne de l’Ouest dans l’Otan. Or, l’intégration ne pouvait qu’impliquer des exigences quant à la représentation de l’armée. En montrant une armée courageuse, refusant la trahison comme le fit le cinéma à l’époque, l’Allemagne apportait la preuve que la remilitarisation de l’Allemagne était envisageable.
Au cours des
années 60, 70 puis au début des années 80, l’Allemagne a connu un
enchaînement de crises qui ont profondément modifié sa façon
d’envisager le passé nazi. La rupture entre les générations dans les
années 60 et la suspicion généralisée à l’encontre de tous ceux qui
avaient vécu la période nationale-socialiste s’était muée pour certains
en une haine systématique de l’Etat.
La virulence du mouvement terroriste en Allemagne procédait ainsi d’une combinaison de facteurs où la mémoire du passé, la reconstruction et l’institutionnalisation de l’oubli sur laquelle elle s’était fondée étaient déterminantes. La période suivante privilégia une approche quelque peu différente de la culpabilité, par le biais des mouvements de contestation envers les Etats Unis. Un glissement fut opéré, faisant évoluer la critique de la politique américaine vers une comp araison de celle-ci avec la période hitlérienne. Avec le mouvement pacifiste, on évoqua de plus en plus fréquemment la neutralité de la République fédérale, à travers une conscience panallemande. Le fait est d’importance. Il a certainement permis de dépasser les différences entre les deux Allemagnes pour privilégier ce qui les unissait : le passé, mais aussi la situation contemporaine où, à l’Est comme à l’Ouest, les Allemands faisaient les frais d’enjeux qui les dépassaient.
En 1983, les chrétiens-démocrates remportaient les élections, avec Helmut Kohlqui séduisit les électeurs par ses arguments patriotiques. Sa victoire indiquait le désir partagé par une grande partie des Allemands de l’Ouest de retrouver la confiance envers l’avenir, mais aussi la sérénité vis-à-vis du passé.
Au milieu des années 80, philosophes
et historiens allemands s’affrontèrent en une violente controverse dont
l’enjeu portait en grande partie sur la singularité de la solution
finale. Le débat fut déclenché après qu’Habermas eut qualifié de
révisionnistes les analyses proposées par trois historiens : Michael
Sturmer, Ernst Nolte, Andreas Hillgruber qui, outre la réintégration du
passé sur laquelle ils fondaient leurs travaux, engageaient par
ailleurs une discussion sur la place de l’historien dans la société.
A
l’époque, nombreux étaient en effet les hommes politiques qui
attendaient de l’histoire qu’elle devienne le support d’une éducation
civique où patriotisme et fierté nationale auraient pu être abordés
sans honte. Dans le même temps, deux faits allaient être perçus comme
allant dans le sens d’une insidieuse réhabilitation de l’histoire
nazie : d’une part, la visite du chancelier Kohl et de Reagan au
cimetière de Bitburg, en 1986, où les deux hommes saluèrent la mémoire
d’officiers allemands, d’autre part la participation du chancelier à la
rencontre des expulsés de Silésie.
Même contestés ou largement
débattus, ces événements traduisaient une lassitude devant les
conséquences et la singularité qu’engendrait le fait d’être un
Allemand. L’évocation du quotidien fut pour certains le moyen de
transgresser, par l’ordinaire, les erreurs de la grande Histoire, et
d’offrir ainsi à l’homme de tous les jours l’ancrage lui permettant de
réhabiliter une mémoire continue. Tel est le contenu du film d’Edgar
Reitz, Heimat (1984), qui rencontra un succès considérable, au moment
de sa sortie en Allemagne de l’Ouest. Si la chute du mur, le 9 novembre
1989, a confirmé une tendance déjà amorcée au cours des années
précédentes, elle n’a pas tout à fait permis la réconciliation.
Car La
peur de l’Autre, c’est également la peur d’afficher sa propre identité.
Dans les années 50, à l’Ouest, la peur du communisme avait permis de ne
pas aborder le passé nazi. Plus tard, l’Américain a rempli une fonction
identique. Dans la presse allemande sont aujourd’hui assimilés le
régime nazi et le régime est-allemand au sein d’un débat qui remplace
parfois les questions posées par l’Histoire.
Même si les Allemands ont
considérablement évolué dans leur approche du passé, on peut avancer
l’idée que la peur de l’étranger, mais aussi la traque des anciens de
la Stasi empêchent à nouveau une réelle compréhension du passé.-
gAZi bORAt
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