à lire :
Des barbares inassimilables", article extrait de : "Philippe Bernard, Immigration : le défi mondial, Le Monde actuel - Gallimard 2002
Des « barbares » inassimilables
" Contrairement à des clichés répandus, l’intégration des Belges, des Italiens et des Polonais, aujourd’hui considérés comme proches culturellement des Français, s’opère dans la douleur. Relégués dans certains quartiers, accusés par les ouvriers français de prendre leur travail, ces immigrés sont fréquemment visés par des violences xénophobes dès la fin du XIXème siècle. Les Belges, majoritaires dans la population de Roubaix vers 1880, sont traités de « pots de beurre » et de « vermines ». De Liévin à Tourcoing, sévissent des émeutes anti-Belges dans les années 1890. Parallèlement, le comportement religieux très ostentatoire des premiers arrivants italiens les éloigne des prolétaires français touchés par la déchristianisation.
À Marseille, les dockers transalpins, qui se lancent à l’assaut des navires à décharger aux cris de Per Gesù e per la Madonna, sont surnommés péjorativement « christos », avant d’être gratifiés, dans l’entre-deux-guerres, des aimables surnoms de « macaronis » et de « ritals ». Les émeutes anti-italiennes se multiplient : à Marseille en 1881, elles font trois morts, lorsque la foule organise la chasse aux Italiens, accusés d’avoir sifflé les soldats français qui défilaient après avoir imposé le protectoratà la Tunisie ; à Lyon en 1894, après l’assassinat du président Sadi Carnot par Jeronimo Santo Caserio, anarchiste italien. Entre-temps, un véritable pogrom anti-italien s’est produit Aigues-Mortes, en 1893, alors que les ouvriers français des Salins du Midi, furieux de la concurrence transalpine, se lancent dans une terrible chasse à l’homme dont le bilan officiel fait état de huit morts.
Dans l’entre-deux-guerres, les thèmes de l’invasion et de l’inassimilabilité, les références aux « barbares » se répandent. En dépit des discours officiels sur la « Pologne amie », les ouvriers polonais des cités minières, bons catholiques, sont traités de « polaks », voire d’Allemands quand ils parlent cette langue.
Tout se passe comme si les derniers arrivés se heurtaient à une xénophobie virulente au moment où la vague précédente d’immigration se fond définitivement dans le terroir national. Les Belges ne font plus problème lorsque déferlent Italiens et Polonais, qui eux-mêmes se seront assimilés au moment de l’arrivée massive des Maghrébins, à partir des années 50. L’étude des vagues de xénophobie, toujours liées à une crise économique ou politique et non au dépassement d’un quelconque seuil de tolérance, révèle la permanence d’un stéréotype propre à l’étranger.
A la fin du XIXème siècle, les immigrés belges sont considérés dans le Nord comme bagarreurs et dotés d’une sexualité exacerbée, tout comme, plus tard, les italiens, les Arabes et les Noirs d’Afrique. Les vices et vertus attribués aux étrangers sont d’ailleurs éminemment variables. Le « Sidi » (Nord-Africain) de l’entre-deux-guerres est intelligent, aimable et patriote (il a servi dans l’armée française en 1914-1918), alors qu’à la même époque, le Chinois est réputé sournois.
(pages 72-73)"
03/11 11:34 - renato666
Bonjour Sisyphe Votre rejet du sectarisme au bénéfice de la reconnaissance de l’être (...)
02/11 20:01 - Aurélien Péréol
A Olivier Bonnet C’est tellement bien de haïr, on se sent si fort et si propre sur soi. (...)
30/10 18:19 - franc
30/10 16:33 - Olivier Bonnet
Au Kosovo oui, et il faut aussi compléter par ce qu’ont fait les Serbes, qui ne sont pas (...)
30/10 16:28 - franc
Mr Bonnet dans certains quartiers en France ,des immigrés ont occupé les maisons et les (...)
30/10 16:22 - Olivier Bonnet
Votre comparaison est parfaitement stupide. Lors de la colonisation, les représentants des (...)
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