Non à la communauté de destin, oui à la citoyenneté
Encore faut-il croire au destin, c’est à dire à un parcours personnel et historique que nous ne choisissons pas et qui nous est imposé par l’état. De même que les frontières dont on sait qu’elles n’existent que pour être franchies ou recomposées, y compris pour définir le territoire (et non la terre) national, que pour et par l’état en vue de s’assurer un contrôle indiscutable sur ses sujets, de même l’état veut par là exclure ceux et celles qui ne répondent pas aux critères juridiques d’appartenance qu’il impose.
On ne peut parler de communauté de destin sans accorder à l’état le monopole de la décision de savoir qui en fait (doit en faire) partie ou non, indépendamment du fait que nombre de nos concitoyens de fait et non de droit vivent dans le même espace public que soi.
C’est pourquoi cette approche de la nation est de fait et en droit nationaliste, à savoir exclusive des droits politiques de la citoyenneté de ceux qui sont considérées comme des étrangers, bien que vivant dans le même espace poltique que nous. La cité grecque d’Athène considérait les esclaves comme des non-grecs ou des barbares afin d’exercer sur eux une domination légale sans limite. Leur destin était scellé par leur origine. Le destin est-donc toujours une cloture et non pas une ouverture et c’est bien le sens des lois anti-immigrés du gouvernement actuel ,dès lors qu’il distingue identité nationale et immigration et qu’il fait de celle-ci une problème pour celle-là.
Ce qui peut faire bouger les choses c’est justement d’ouvrir la nation à tous ceux qui vivent et expriment l’intention délibérée de vivre sur le territoire dit national, en tant qu’espace juridique de citoyenneté partagée. Ce que j’appelle, non communauté de destin, mais solidarité libérée de toute attache ethnique et cela vaut pour l’Europe dès lors qu’elle se dote de lois communes d’échanges de citoyenneté.