Les « connards » en question, outre qu’ils analysent la prose de l’auteur, s’en réfèrent aux spécialistes incontestés de l’islamologie.
Même Ternisien n’ose pas prétendre que le Coran fut rédigé-révélé pendant la vie de son prophète, c’est dire si ces « connards » sont « une meute organisée financée par Tel-Aviv ».
"Pour les musulmans, la totalité du
Coran a été révélée (le terme propre est « descendue ») pendant la
carrière du prophète, entre 610 et 632. Dans un premier temps, la
recherche orientaliste moderne a généralement repris ce schéma,
classant les différents chapitres (sourates) du Coran comme ayant été
révélés successivement à La Mecque et à Médine. Les manuels scolaires
reprennent généralement ce schéma, certains allant même jusqu’à dire,
par exemple : « En 610, le Coran est révélé par l’archange Gabriel ».
Cette perspective, outre l’utilisation d’un langage proprement
confessionnel, ne tient pas compte du travail rédactionnel qui s’est
étendu bien après la mort du prophète de l’islam et dont la tradition
islamique nous donne de multiples témoignages.
De même, il savoir que la constitution
du corpus s’est faite dans un espace plus large que celui de La Mecque
et de Médine, qui s’étendait du Hedjaz et du Yémen à la Mésopotamie. En
effet, nous avons affaire à un processus qui commence à Médine, mais
qui continue après la conquête en Syrie et en Mésopotamie surtout, où
se constituent des codex concurrents de celui de Médine.
Il s’agit donc d’une période longue :
il faut compter environ un siècle pour l’établissement d’une vulgate
officielle du Coran, et un siècle de plus pour celui des grands corpus
canoniques du Hadîth.
Il s’agit aussi d’un travail collectif
qui prend en compte l’œuvre de scribes dont la tradition islamique
atteste l’existence et nous donne les noms. On y parle des secrétaires
qui entourent Muhammad dont certains sont d’anciens juifs qui ont
adhéré à la foi nouvelle ; tel autre est d’origine éthiopienne ou
byzantine, à côté d’Arabes de la Péninsule, du Nord ou du Sud.
Certaines traditions laissent penser que Muhammad reçoit du ciel, mais
aussi de ses secrétaires !1
Après la mort du fondateur, le travail de constitution du corpus se
poursuit non seulement à Médine, mais aussi dans les nouveaux centres
créés par la conquête : c’est le cas de la nouvelle agglomération de
Kûfa en Irak qui verra l’établissement d’un codex coranique concurrent
de celui de Médine. Les récits traditionnels évoquent aussi des codex
concurrents en Syrie et au Yémen.
Les musulmans des premières
générations, racontant comment s’était constitué le Coran, le faisaient
avec beaucoup de liberté et de réalisme, et paraissaient donc moins
rigides que beaucoup de musulmans d’aujourd’hui."
Xavier Ternisien