@Daniel.

Je te cite :« Ce qui fedére Doriot, Brasillach, LePen , et Autain , et bien d’autres, c’est leur haine de la France et de la République, la haine de la »démocrassouille« et du peuple, du »petit peuple« (nos fachos new look d’aujourd’hui disent »petits blancs". Nos nouveaux fachos detestent d’ailleurs tellement le peuple français (rien que des « beaufs » !)qu’ils en ont choisi un fantasmatique : les « immigrés », les « sans papiers »....

L’époque a beau m’avoir habitué à lire des tas de raisonnements par amalgame, là je trouve que le record est battu. Ca en devient incohérent. Tous ceux qui se retrouvent dans ton grand panier haïssent en vrac selon toi la France , la République et la Démocratie, ainsi que le peuple, rien que ça !

C’est incohérent d’abord parce que s’il est vrai que la France est (actuellement) une république et une démocratie cela ne veut pas dire que France=République= Démocratie.

La France ne se confond avec la République ni avec la démocratie, c’est une réalité concrète qui a une existence infiniment antérieure à ces deux concepts et qui pourrait même leur survivre le cas échéant.

Ensuite, on peut ne pas aimer la république et/ou la démocratie et aimer la France. On peut même combattre sincérement la république et/ou la démocratie par amour de la France. Amour dévoyé ou mal compris peut-être, mais amour quand même. Ce fut le cas de Brasillach, par exemple.

On peut aussi aimer la République et détester la France : c’est selon moi ce qui caractèrise l’essentiel de la gauche d’aujourd’hui.

Ensuite, il y a dans le monde des tas de démocraties qui ne sont pas des républiques et des tas de républiques qui ne sont pas des démocraties.

Je n’oublie pas pour ma part que notre République française a commencé par une sanglante parodie de démocratie et qu’aujourd’hui encore, si la France est effectivement une république, la démocratie n’y est à bien des égards qu’un simulacre, par exemple le fait d’être gouverné par une « majorité » qui ne représente pas 20% de l’électorat.

Ensuite, tu peux détester les gens que tu cites et leurs idées, mais peux-tu sérieusement prétendre que Le Pen déteste la France et son peuple qu’il considère, d’après toi, comme des beaufs. Encore une fois, dis si tu veux qu’il les aime mal mais prétendre qu’il les déteste, autant me raconter que Lénine était anticommuniste et que Benoît XVI est païen !

Et je te signale que « petits blancs » est un terme souvent employé pour désigner les électeurs lepènistes.

J’exagère ? Non, la preuve : amalgamer Brasillach, Drieu, le Pen avec Autain t’amène à proférer des absurdités comme de prétendre qu’ils « détestent d’ailleurs tellement le peuple français (rien que des »beaufs«  !)qu’ils en ont choisi un fantasmatique : les »immigrés« , les »sans papiers".

Je ne pense pas que Drieu et Brasillach (paix à leurs cendres) soient très concernés par le problème des sans-papiers et l’eussent-ils été que je doute qu’ils les auraient préférés aux « petits-blancs ». Quant à Le Pen, qu’il préfère les sans-papiers aux français m’avait, je l’avoue, échappé.

Ce que tu dis est sans doute vrai des intellos genre Titine Autain, je suis d’accord, mais il est idiot d’étendre ta vindicte sur ce point à Le Pen. S’il ya des reproches à lui faire il est évident que ce ne sont pas les mêmes.

En fait, critiquer ton amalgame incohérent ne serait pas très intéressant, si il ne traduisait pas selon moi une tendance très courante aujourd’hui parmi ceux qui se réclament à tout bout de champ de la République (en général pour mieux éviter de parler de la France, mais je reconnais volontiers que ce n’est pas ton cas...)

Considérer la République et la Démocratie comme deux absolus indépassables,intouchables,incriticables, comme des vérités révélées, quasiment coraniques, dont la France serait la plus pure incarnation amène inévitablement chacun des « clans » qui constituent le paysage politique démocratique à se considérer comme le seul pur, le seul vrai et à rejeter tous ceux qui pensent en dehors du système dans d’indistinctes ténèbres extérieures où Hitler= Staline= Gengis Khan= Le Pen = Bush = Pol Pot= Saddam Hussein= Clémentine Autain (rayez la mention inutile, selon vos goûts personnels). Sans voir que ce type de raisonnement est -au moins intellectuellement -intolérant et totalitaire.

C’est une tare que la République française porte en germe depuis qu’elle a fait ses premiers pas appuyée sur la machine de Guillotin, et qui resurgit dès qu’elle soupçonne quelqu’un de ne pas jouer le jeu selon ses règles.

Mais tout cela nous éloigne de Clémentine et même si je suis assez d’accord avec toi sur elle (sur elle seulement), tu m’as presque donné envie d’en dire du bien. Finalement, je l’aime bien, Titine : elle me rajeunit. J’ai eu 18 ans en 68, et elle me ramène trente-huit ans en arrière. Je croyais que toutes les jolies petites bourgeoises gauchistes qui arpentaient le quartier latin de ma jeunesse en levant leur petit poing rageur étaient toutes devenus des quinquagénaires rangées. Non ! Il restait Clémentine ! Le temps n’a miraculeusement pas eu prise sur elle. Son minois est resté frais : ce n’est pas le cas de ses idées. Dommage qu’elle ne se soit pas aperçue que le PC n’ a plus de « compagnons de route », d’« idiots utiles », depuis plus de quarante ans. Trop tard pour remplacer Simone Signoret !

Clémentine est la plus jolie ringarde de la politique française !