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Commentaire de Vincent Benard

sur L'affaire du sauvetage d'AIG, un cas d'école du capitalisme corrompu par l'état


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Vincent Benard Vincent Benard 9 novembre 2009 23:32

@ Tous : merci pour votre intérêt.

@ Philippe Renève : le titre dit bien que c’est le « sauvetage » d’AIG qui est le cas d’école en question, pas la chute d’AIG. Mais ceci dit, à la relecture, je m’aperçois que mon titre n’est pas très bien choisi.

AIG s’est bien vautré tout seul, je ne dis pas le contraire. Dans une société libérale « idéale » - qui n’existe pas plus, je vous l’accorde, que la société socialiste idéale, car l’homme est imparfait -, il existe des mécanismes qui permettent de traiter ce genre de défaillance : la faillite, qui est sanctionnée soit par une négociation avec des créanciers et des repreneurs, soit la liquidation. Et accessoirement, si des dirigeants ont « déconné grave », la sanction personnelle.

Mais dans le cas présent, le mécanisme de faillite, qui serait le plus vertueux, a bel et bien, ici, été vicié par l’intervention de l’état, qui vient en fait en aide à certains créanciers très protégés... Et qui une fois de plus sauve des grands intérêts financiers de la faillite, perpétuant l’idée qu’une banque « too big to fail » peut tenir l’état et le contribuable par les c....

Je pense que même si nous différons sur les solutions, vous serez d’accord pour dire que l’argent public n’a pas a récompenser des entreprises qui se sont montrées aussi inconséquentes.

@ Mycroft : « Ce n’est en effet pas un cas d’école du capitalisme corrompue par l’état, mais bien un cas d’école de l’état corrompu par le capitalisme ».

je pense qu’il y a rétro-action entre certaines branches pourries de l’état et certains capitalistes corrompus. Le débat de l’oeuf et de la poule serait ici inapproprié. Levitt et Dubner fournissent dans leurs écrits des données intéressantes sur le pourcentage de gens malhonnêtes (en gros, dans le contexte de test, environ 10-15% // Ce n’est pas « énorme », mais leur pouvoir de nuisance peut être plus important), et la propension de cette proportion à augmenter au sommet des hiérarchies, publiques comme privées. La qualité des institutions, leur « design », et la façon dont est fabriquée la loi, sont donc essentiels pour éviter que la corruption inévitable de quelques uns n’entraine des dégâts « systémiques ». Pour cela, il me semble qu’il faut que le système législatif empêche la corruption potentielle privée de pouvoir trouver un terrain d’entente avec la corruption potentielle publique.

On ne peut que constater que la société actuelle a complètement failli de ce point de vue.

Et, au risque de contenter certains contradicteurs, reconnaissons que nous autres libéraux (pas tous, il y en a de meilleurs que moi...), avons eu trop tendance à croire que c’était la nature privée de certaines institutions qui pouvait les protéger de telles erreurs, que le pouvoir et le contrôle de l’actionariat serait suffisant pour empêcher une dérive systématique des institutions financières. A ce sujet, le témoignage de Greenspan devant le congrès, ou il reconnait s’être trompé sur la force de l’instinct de préservation qui aurait du mener les entreprises du secteur financier à s’autodiscipliner, est un formidable aveu de naïveté (mais je pensais la même chose, je ne me moque pas gratuitement de greenspan).

@ Léon : Je ne dis pas autre chose. L’état régalien qui sanctionne bcp le malhonnête, suffisamment l’incompétent ou le négligent, et qui fait respecter les contrats (et les réglements des faillites, cas ultime d’impossibilité de respecter les contrats) peut être la meilleure des choses s’il ne se laisse pas lui même tenter par la complaisance vis à vis d’intérêts spéciaux, et la pire s’il se mêle de choisir les « gagnants » à la place du marché, car il va alors prêter le flanc à des tentatives de manipulation par des groupes d’intérêts bien organisés qui vont détourner à leur profit des ressources parfois considérables au détriment d’autrui. Mais vous connaissez les théories du Public Choice aussi bien que moi.

@ Le péripate : A l’époque de Bastiat, le protectionnisme, loin d’être enfantin, existait bel et bien sous la forme de « territoires réservés » par le biais des empires coloniaux, et c’est à la même époque (1846, 4 ans avant la mort de Bastiat) que Cobden a réussi à faire lever les barrières douanières en grande bretagne à l’importation de céréales, ce qui allait produire un boom économique remarquable. Et je ne remonte pas aux blocus napoléoniens. Bref, le protectionnisme était une réalité, et tout le mérite des bastiat, smith et qqs autres, dont cobden, a été d’en comprendre bien avant tout le monde la nocivité.

Ceci dit, pour le reste, totalement d’accord, Bastiat aurait bien tourné un sophisme contre les gros banquiers subventionnés qui tiennent l’état par la barbichette.

@ johan : « Ceci dit, lorsqu’il considère qu’une intervention pour sécuriser le reste de l’économie passant par un échange »capital contre résorption des dettes« , je comprends »nationalisation« .

Non. Il s’agit de restructuration de passif entre actionnaires et créanciers (un peu comme pour la restructuration du passif d’Eurotunnel, mais en plus rapide, si vous voyez ce que je veux dire). Le mécanisme que j’évoque est explicité dans cet article que j’ai publié pour l’Agefi.

Pour ce qui est de la titrisation : La titrisation a certes joué un rôle dans le déclenchement de la crise, mais :

1- on ne parle pas de toutes les titrisations, mais de certaines techniques de titrisation - Mais les techniques de titrisation sont anciennes. Leur essor date de la création de... Fannie Mae, dont nous rappellerons que c’était un organisme public lors de sa création en 1938, organisme rendu nécessaire parce que les lois américaines en vigueur à l’époque (McFadden Act de 27 et amendement Douglas de 35, et aussi certaines provisions du Glass Steagall de 33) interdisaient aux banques privées d’utiliser les méthodes normales de diversification des risques pour proposer du crédit. Voir cet article pour les détails

2- ces techniques de titrisation n’auraient pas trouvé de tels débouchés si les états ne s’étaient pas laissé fourguer par la banque des réglements internationaux (en gros, le groupement d’intérêt des banques centrales) l’usine à gaz de Bâle II. Typiquement le type de réglementation qui, quoi qu’il arrive, sera toujours contournée. en gros, une réglementation censée résoudre la crise du passé créer toujours les conditions de la nouvelle crise de l’avenir.
j’explique tout cela ici.
 
Bref, les techniques de titrisation peuvent avoir un marché naturel de niches, mais il ne faut pas favoriser la »titrisation de déguisement", celle qui a permis de faire croire qu’on pouvait transformer des prêts à des ménages avec un credit rating douteux en obligations AAA...

Tout à fait OK sur votre dernière phrase.


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