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Commentaire de Monolecte

sur L'après-chômage


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Monolecte Monolecte 22 novembre 2006 17:23

Arf, tout faux

La seule chose qui est correcte, c’est le lien entre les « chiffres » du chômage et le bruit médiatique. Par contre, tu prend la pelote par le mauvais bout.

Premier point : le chômage ne baisse pas. Il a même tendance à augmenter. Pire, selon certaines analyses, le miracle du papyboom n’aura pas lieu et on va se bouffer une vague de chômage sans précédent.

Ce qui baisse, ce sont les fameux chômeurs de la catégorie 1. Une catégorie sur les 8 que compte la classification OFFICIELLE du chômage. Soit les gonzes qui recherchent absolument et seulement un emploi plein temps en CDI et qui sont immédiatement disponibles. Le but du jeu, c’est de vider au taquet la catégorie 1 pour faire baisser les chiffres du chômage :
- tu as fait un petit boulot en interim ? zou, on te change de catégorie sans te le dire en estimant que tu cherches à présent un CDD (plus catégorie 1, plus compté, mais toujours au chomdu !)
- Tu as la grippe ? Pas immédiatement disponible : ton inscription est suspendue, tu ne comptes plus, mais t’es toujours au chomdu !
- ton référent t’a menacé de te radier si tu ne participais pas au 3 jours du stage CV pourri que tu as déjà fait 5 fois : hop, même pour 3 jours, tu disparais tout un mois de la catégorie des chomeurs qui comptent !
- Tu viens de bénéficier d’un contrat aidé dans l’educ nat ! Bravo ! Tu gagneras autant ou moins que quand tu étais au chomdu. À la fin de ton contrat, avec ton expérience de gardien de cours d’école, ton avenir s’annonce grandiose ! Mais la bonne nouvelle, c’est que toi et tes potes ne reviendront dans la fameuse catégorie 1 qu’après les élections.

Tout ça pour quoi ?

Pour faire du chiffre. Parce qu’effectivement, en 20 ans, personne n’a de solution au chômage vrai. Et personne ne peut l’admettre : ce serait perdre les élections. Dans les faits, c’est près de 4 millions de chômeurs secs + 1 millions de chômeurs tournants, c’est à dire qui tournent dans des petits contrats ultra précaires, souvent aidés qui reconduisent fatalement au chomdu. 20% de la population active au chomage ou très précaire (c’est à dire certaine d’être au chomdu dans l’année).

C’est une constante depuis quelque temps. Et en l’absence d’une politique économique volontariste, ça va le rester. Le problème, c’est que cela inquiète les gens plus que tout. Mais comme il n’y a pas de solution, il faut absolument qu’ils pensent à autre chose : les sauvageons de banlieue, les criminels, tout, sauf le chômage.

On peut axer une campagne sur la sécurité, la délinquance, mais il ne faut en aucun cas qu’elle se focalise sur le chômage. Car le chômage est aussi un symptôme. Celui du disfonctionnement profond du modèle économique dominant. Auquel les politiques ont fait allégeance. Mettre le chômage au centre des débats, c’est ouvrir la discussion sur le sens de notre système économique global. Le traquenard !

D’où la catégorie 1. D’où la chasse aux chômeurs et la propagande qui va avec (Thierry F.). D’où les radiations et les contrats bidons. Pour faire diversion. Pour que les gens pensent à autre chose. Pour que le débat n’arrive pas sur cette question fondamentale : quelle place pour l’homme dans un modèle de société qui détruit de l’emploi sur l’autel du profit ?

NB : il semble qu’extuellement, 20% de chômage réel soit une sorte de norme mondiale avec quelques petites variantes locales, et ce malgré d’autres méthodes de camouflage, comme le basculement massif de chômeurs dans des catégories d’handicapés (UK).


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