Malheureusement, je crois que personne ne vous a attendu pour réaliser que plus de la moitié du « salaire » est purement théorique étant donné qu’elle ne finira jamais dans la poche du salarié. J’aimerais toutefois ajouter quelques remarques :
- du point de vue de l’employeur, c’est en revanche le coût total qui compte. On a tendance à sous-estimer ce point de vue alors qu’il est crucial, notamment dans la dynamique des salaires ; si vous voulez augmenter votre salarié de 100 euros par mois, vous allez devoir en payer 200. Et on s’étonne encore que les salaires n’augmentent quasiment plus depuis 20 ans ;
- la feuille de paie du salarié français contient aussi cette absurdité que le monde entier nous envie : la distinction entre charges patronales et salariales. En pratique, ce sont bel et bien des charges patronales uniquement étant donné que les sommes concernées sont payées directement par l’employeur sans jamais transiter par la poche du salarié ;
- le concept-même de salaire « net » indiqué sur la feuille de paye est un attrape-couillon, étant donné qu’il faut encore en déduire l’impôt sur le revenu. Le salaire net réel en France est donc largement surestimé par les statistiques officielles, qui utilisent les feuilles de paye pour le calculer ;
- les feuilles de paye françaises contiennent une autre invention génialement perverse et quasiment unique au monde : les CSG et CRDS non déductibles. Autrement dit, les salariés français paient un impôt sur des taxes, qui en plus ont été prélevées à la source : une partie de l’impôt sur le revenu est donc payé sur de l’argent que le salarié n’a jamais eu en sa possession. C’est fort, très fort même !
Enfin, il me semble que l’article aurait pu aller encore plus loin. En effet, il faut ajouter à tout ce qui est détourné en amont les 19,6% de TVA que chaque ménage français paie sur sa consommation, ainsi que toutes autres taxes indirectes payées par le consommateur (TIPP, taxe sur le tabac, sur l’alcool, droits de douanes, etc.). Si au final, vous comparez le montant déboursé par l’employeur et le montant net de toutes taxes qui reste à la disposition du salarié, vous réalisez que le taux de pression fiscale effective est tout simplement considérable, de l’ordre de 80 % ; par exemple, un salarié dont le salaire brut payé par l’employeur est de 4000 euros ne reçoit au final qu’environ 800 euros (après paiement de tous les impôts et taxes). Un pays de fous, en effet...