Bien sûr, vous avez raison, le risque zéro n’existe pas. Pour le cancer du poumon, il faut aussi dire que le cannabis peut aussi se prendre par vaporisation, qui réduit considérablement les effets toxiques liés à la combustion, et non au THC lui-même. Pour ce qui est des équivalences, il faut se méfier parce qu’on peut fumer un paquet de blondes en une journée... On fume de manière beaucoup moins importante le cannabis, donc, il faut se méfier.
Pour ce qui est de la schizophrénie, des études révèlent effectivement une corrélation entre consommation de cannabis et schizophrénie. Mais le lien de cause à effet direct est faux, la corrélation est d’une nature plus complexe qu’un simple lien causal, et dépend aussi de chaque cas : c’est-à-dire que, d’une part, le cannabis va en quelque sorte catalyser ou amplifier les manifestations d’une schizophrénie sous-jacente (présente avant la prise de drogue), mais que d’autre part - et il faut le souligner - le schizophrène va se servir du cannabis comme d’un moyen de thérapie, entre autre, ce qui signifie qu’il existe une corrélation inverse (il est schizophrène, donc il fume régulièrement). Par ailleurs, il faut noter que le cannabis fumé chez une personne saine, non prédisposée à cette pathologie, n’engendrera aucune chute dans la schizophrénie. Pour ce qui est des chiffres, ils dépendent bien entendu des études et - hélas - de leur auteur, car il existe en quelque sorte des Églises de la Répression soutenues globalement pas l’État.
Pour les effets psychiques, n’employez pas de mots savants pour dire qu’on a la flegme - grossièrement - à cause de la fumette ; pour ce qui est de l’effet paranoïde, il est discutable et discuté. Ces effets disparaissent aussi très vite.
Pour tout ce qui est développement embryonnaire, l’argument revient souvent mais n’a aucune valeur, puisqu’il est de toute façon proscrit pour une femme enceinte de fumer quoique ce soit, ni de boire de boissons alcoolisées d’ailleurs.
Partout où vous avez raison sans me donner tort pour l’ensemble de l’argumentation, ou bien partout où il semblerait que vous soyez mal informé, je vous renvoie aux études du docteur Roques qui a établi des critères de classification des drogues très précis, en fonction de leur dangerosité. Cette étude date de 1998, mais semble reprise dans de nombreux ouvrages scientifiques de vulgarisation en la matière, et je vous invite à aller voir sur Wikipédia à l’article « Classification des drogues ». Et si vous avez des doutes sur la qualité de Wikipédia (comme je vous comprends !), lisez ce rapport Roques à destination du gouvernement, il est très bien fait.
J’insiste sur le fait que la recherche médicale - me semble-t-il - n’a pas fini d’étudier le phénomène. J’ai préféré insister sur l’essentiel pour faire un article court. Cela dit, je n’ai pas la science infuse, néanmoins un certain nombre de petits ouvrages grand public sont très bien faits, les librairies en regorgent, donc allez-y.
En la matière, il ne suffit pas d’énumérer les effets secondaires, démontrés ou encore à l’étude, de tous les prendre et de les jeter au grand public (la cigarette provoque aussi de l’impuissance). Il faut compter avec les autres drogues, regarder les effets encore plus nocifs de la prohibition. Comprenez : je suis contre l’usage de la drogue, bien sûr, c’est pas bon pour la santé. Un certain nombre de personnes disent que cela n’a aucun effet : non, ça a MOINS d’effet. Mais si l’on était cohérent par rapport à la politique sur le cannabis, comprenez qu’aucune drogue - ni tabac, ni alcool - ne serait autorisé, parce qu’elles sont - selon le tableau du docteur Roques - bien plus dangereuses à tout point de vue.
Ce que je souligne ici, c’est que l’échelle de dangerosité ne correspond nullement à l’échelle de la répression, en quelque sorte. La différence, c’est le fondement de ce genre de politique prohibitionniste qui - historiquement - sont une constante en France, c’est une morale - pour railler un peu - de petite mère un peu bourgeoise, vous savez, qui va régulièrement à la messe, mais est pour les châtiments corporels sur les gosses. On nous dit que légaliser, ce serait être laxiste, laisser passer ça, alors que non il faut rester FERME. Je veux bien, mais alors on se trouve dans le même cas que pour la contraception, quand les opposants à la légalisation - sous De Gaulle, sous un gouvernement gaulliste ! - disaient que la contraception aboutirait à transformer la France en Sodome bis, en quelque sorte. Ce n’est évidemment pas la même chose, mais l’argument moral est bien là, et il pèse lourdement, trop lourdement, sur le débat.
Nous avons beau être un pays laïc, un certain nombre de mesures - y compris de santé publique - sont bien loin d’avoir des fondements solides et raisonnables. La lutte contre le cannabis en fait partie.
22/11 18:53 - Bruno de Larivière
Kevin, nos sources convergent. http://geographie.blog.lemonde.fr/2009/03/11/cccxlviii-pierre-ciseau
22/11 18:00 - quid damned
L’alcool est une drogue dure plus proche de l’héroïne en terme de dépendance que le (...)
22/11 16:06 - Albator71
C’est un debat difficile dans une societe ou l’alcool n’est pas considéré (...)
22/11 11:14 - furio
C’est pas de ce gouvernement d’autistes et d’affiliés aux grands réseaux « (...)
22/11 09:11 - jps
@Daniel Il n’y a pas de mal à se faire du bien, dès lors que cela ne nuit pas à (...)
19/11 18:41 - Mr-J
Cinq euros le gramme ? En france : oui et encore, on peut le (on parle de haschisch, le (...)
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