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Commentaire de sisyphe

sur Sur Europe1, Fogiel attendait AgoraVox au coin du bois !


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sisyphe sisyphe 19 novembre 2009 14:06

Ah... mon brave sourcilleux Léon ; cessez de voir le monde à votre image ; vous allez finir par entrer en dépression (il y aurait de quoi).

Le problème, évidemment, entre la presse officielle, et les articles des citoyens, n’est pas celui de l’investigation ou de la recherche des sources ; les journalistes professionnels ont, dans ce domaine, bien d’autres moyens que le citoyen lambda ; moyens temporels (ils n’ont que ça à faire), moyens financiers (ils sont payés pour ça), moyens structurels (dépèches d’agences, correspondants sur place, infrastructure des organes de presse, etc....) quand le citoyen fait tout ça bénévolement, en récupérant des sources comme il le peut.

Non.

Le vrai problème, à aborder avec des journalistes professionnels ; mais, bien sûr pas dans le cadre d’un traquenard à 3 contre 1 en 10 minutes, c’est, tout simplement celui de la LIBERTÉ de traiter les informations, et le choix des informations à diffuser.

Tout le monde sait maintenant que la presse officielle est entièrement aux mains des groupes financiers, et, de plus, sous perfusion de l’état.
Dans ces conditions, comment mordre la main qui vous nourrit, sans risque de perdre sa pitance ?
Même pas besoin de censure ; le contexte est parfaitement intégré, et l’auto-censure y suffit largement.

On en a l’exemple avec les quelques rares VRAIS journalistes d’investigation (Eric Laurent, Denis Robert, et autres..). , qui n’ont plus, comme opportunité de diffuser leur travail, que d’en faire des livres, à diffusion forcément restreinte, tant ceux du « métier » se garderont bien de leur faire de la publicité.

S’il fallait des preuves de la « docilité », voire de la servilité des journalistes des organes officiels, il suffit de s’en tenir à l’absence totale de protestations, ou même de simple droit à faire valoir leur déontologie, quand tous les organes pour lesquels ils travaillent (presse écrite, radios, chaines de télé) ont été progressivement mis sous l’éteignoir ; soit des grands groupes financiers proches du pouvoir, soit par le pouvoir lui-même, quand, les plaçant devant le fait du prince, l’omniprésident a décidé de nommer lui-même les directeurs des chaines de radio et de télé ; ce fut un assourdissant silence, de la part de tous ceux censés diffuser les informations.

Alors, certes, il reste quelques « bastions » d’une information relativement libre, et qui peut, parfois, mettre le doigt là où ça fait mal ; arte, par exemple ; mais tellement couverts par le vacarme médiatique, qu’ils sont, eux aussi, destinés à rentrer dans le rang, ou disparaître.

Un autre élément à prendre en considération, évidemment, c’est, contrairement à l’information diffusée sur le net, la nécessaire RENTABILITE des organes d’information ; ben oui, il faut bien payer tous ces journalistes, donc il faut bien vendre.

Alors, outre la bienvenue publicité qui, là aussi, en raison des intérêts des annonceurs, opère nécessairement une force de pression empêchant la liberté de s’exprimer sur certains sujets (vive Le Canard Enchainé, Siné Hebdo..), il y a la vieille nécessité « d’appâter le chaland », par une information spectaculaire, percutante (le poids des mots, le choc des photos), attirante, distrayante, faisant diversion.

D’où la floraison des magazines et émissions « people », où, en livrant en pâture aux citoyens confinés dans leur quotidien médiocre et de plus en plus délétère, , les ébats et apparats des « personnalitésé du spectacle, et du tout-Paris qui pétille et qui rigole, de la politique, du showbiz, on permet un phénomène de »projection« qui permet de penser à autre chose, voire de nourrir l’espoir de faire, un jour, partie de cette élite privilégiée (Star Academy, La Nouvelle Star et autres concours par élimination, pour promouvoir UN gagnant ; un peu dans le style des concours de danse, lors de la crise de 29, parfaitement montrés dans’ »On achève bien les chevaux« de Sydney Pollack).

L’ascenseur social, définitivement en panne, a été remplacé par les lumineux escaliers de la célébrité, qui permettent à chacun de se rêver  »star", pour dénier et masquer une réalité de plus en plus sinistrée...

Du coup, évidemment, la formidable anarchie mais aussi la formidable LIBERTE d’internet fout, à tous ces embrouilleurs professionnels, bien sûr, une sacrée trouille.

Alors, bien sûr, sur le net, le meilleur côtoie le pire, mais sa totale liberté permet de mettre en lumière des faits, évènements, analyses, questionnements, que les médias traditionnels n’ont plus le pouvoir ou le courage de traiter ; le socle de la vérité imposé par l’argument d’autorité se fissure ; à tel point, d’ailleurs, que maintenant, souvent, c’est à la suite de buzz sur le net que les journaux, radios, télés, se voient bien obligés à traiter des informations qu’ils avaient jusque là passé sous silence, ou tenté même de discréditer..

Eh oui ; les médias traditionnels sont rattrapés par des voix de la liberté absolue ; avec ses excès, mais aussi son formidable pouvoir de dévoilement, de questionnement, de remise en question des propagandes officielles et avalisées par les pouvoirs en place.

Qui s’en plaindra, à part ceux que la liberté dérange, ou qui ont intérêt à ce qu’elle reste cachée ou travestie ?

On peut espérer que, grâce à l’aiguillon du net, les journalistes professionnels, quitte à prendre des risques avec leurs clients, leurs annonceurs, leurs organismes de tutelle (et donc les pouvoirs en place) retrouvent enfin leur déontologie, et cessent de pratiquer une auto-censure et censure, pour permettre, enfin, la diffusion d’une information libérée, quitte à ce qu’elle aborde les vrais sujets de ce temps : le dépeçage du monde par la finance, les banques, la servilité des pouvoirs en place, l’iniquité fondamentale d’un système d’exploitation porté à son paroxysme ; bref, de vrais sujets de fond, à la place de l’info-spectacle et des leurres (clin d’oeil à Paul Villach) de la désinformation.

On peut rêver, mais, surtout, se servir de ce formidable outil de liberté qu’est le net pour aider à forcer les choses ; les journalistes encore honnêtes, lucides et courageux, y sont d’ailleurs les bienvenus...


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