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Commentaire de Sylvain Reboul

sur Liberté d'expression et statut du religieux


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Sylvain Reboul Sylvain Reboul 23 février 2006 09:27

Je vous félicite de la rigueur et de la justesse chaleureuse de vos propos qui font paraître certaines réactions passionnelles malsaines qui se sont déchaînées pour ce qu’elles sont : l’expression de la xénophobie, voire de l’islamophobie, la plus obtuse.

J’ajouterais que la notion de laïcité est détournée dans sa lettre et son esprit lorsque l’on prétend enfermer la religion dans la sphère purement privée, comme si le culte public devait être interdit et comme si les religions ne devaient pas être prises en compte en tant que phénomène social. Cette exclusion de la religion hors de la vie sociale est totalement contraire à la loi de 1905 qui affirme en effet que l’état ne soutient aucune religion (ou philosophie anti-religieuse), mais affirme en un même mouvement que l’état doit garantir la liberté religieuse et de culte, laquelle implique aussi la possibilité de son expression publique. Il existe du reste un ministère des cultes qui a la charge de veiller au respect de cette liberté.

Ce qui est affirmé par la loi sur la laïcité c’est la séparation des religions non de la vie publique (au sens hégélien de société civile), mais de la vie politique qui ne doit pas être soumise à l’autorité de quelque religion que ce soit. En cela si la société politique doit être athée (a -privatif- theos -Dieu-= sans Dieu), il n’est pas exigible que la vie publique le soit dans tous ses aspects non politiques.

Cependant cette reconnaissance de la légitimité des religions dans le vie civile a pour contrepartie la liberté des athées de critiquer les religions, voire ce qu’ils peuvent considérer comme l’illusion religieuse dans son ensemble (ce qui est mon cas), liberté qu’il ne faut pas confondre avec un quelconque droit à l’offense, même si celui-ci a pu jouer un rôle positif en une période antérieure de notre histoire alors que le pouvoir politique était peu ou prou théocratique et antidémocratique (ex : Voltaire). Or nous vivons aujourd’hui dans un état laïc très différent de la monarchie absolue de droit divin dans lequel le droit à l’offense d’une religion ne peut être admis comme légitime, dès lors que ce prétendu droit met en cause l’interdiction légale de l’incitation à la haine religieuse, interdiction qui est elle-même laïque au vrai sens du mot..

Si la société laïque dans son organisation politique d’ensemble est athée, les religions ne sont pas pour autant hors de la société, pas plus que l’athéisme : il est temps de définir des règles du jeu pour faire que le dialogue critique rationnel soit possible entre tous.

Croyance et tolérance

L’illusion religieuse

Le rasoir philosophique


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