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Commentaire de Adamantane

sur Agora Vox Populi ?


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Adamantane (---.---.166.117) 23 février 2006 13:21

Bonjour c’est avec intérêt que j’ai lu l’article en référence. De même que les commentaires qui précèdent celui-ci. Il m’a aussi fallu une bonne demi-heure.

Son auteur a le courage de prendre le risque de dire des choses qui peuvent fâcher, aussi je lui rend l’hommage qu’il mérite de ce fait.

Sur le fond, je ne voudrais qu’ajouter quelques remarques :

- Réduire le nombre de rédacteurs : il est en effet difficile de supporter de ne pas appartenir à une élite ; mais quelle sélection imaginer ?

- Recentrer les rédacteurs survivants sur leur domaine de compétence : il est en effet dérangeant qu’un artisan parle d’économie, un médecin de philosophie et un retraité de rap ; mais quels diplômes instaurer pour évaluer le droit de dire ?

- Refuser d’avantage d’articles : il est en effet difficile pour le lecteur d’user de son discernement personnel pour faire ses choix et la multiplicité des angles de vue sur tel ou tel sujet de société fait désordre ; mais quels critères de notation inventer et comment constituer le jury d’agrégés en agoravoxie ?

- Hiérarchiser les articles : il est en effet malencontreux que les grands thèmes traditionnels soient contaminées par des soucis secondaires et subalternes, des analyses sur des faits imprévus, inclassables ; mais quel filtre mettre en place pour constituer la sélection des bonnes matières du programme journalistique ?

- Obtenir des rédacteurs homologués un nombre donné d’articles par semaine : il est en effet choquant de donner le même titre, rédacteur, aux prolixes et aux paresseux, aux spontanés et aux peaufineurs, aux écrivains du voyage et aux piliers stables de l’institution ; mais quel quota fixer, par qui et comment : la quantité est-elle affaire de mots, de lignes, de papiers, de fils de contribution ?

- Hebdomadairiser la publication : il est en effet difficile de suivre le mouvement de la vie, tantôt lent tantôt vif, toujours surprenant dans son imprévisibilité, et un rythme à la semaine rassure par l’insertion dans un temps maîtrisé ; mais quel jour va commencer cette semaine de référence qui permettra aux bons élèves de n’être pas choqués par l’arythmie des cancres ?

- Fixer des objectifs clairs, sélectionner avec inflexibilité, hiérarchiser les informations...il est en effet insupportable à la raison qu’un objectif se dégage d’expérience successives, qu’un choix résulte d’essais et d’erreurs, que les paroles ne disposent pas d’un système de tiroirs raisonnablement conçu pour trouver leur place naturelle en haut, au milieu ou en bas du clssement ; mais quelle structure humaine mettre en place pour rectifier tout ça, gérer et éliminer les tentatives de libération, mettre chacun à sa place dans un système de pensée à vocation universelle ?

Au fait, l’auteur de ces propositions ne serait-il pas dans l’enseignement, pour proposer à une entreprise de pédagogie populaire qui, il est vrai, cherche un peu son style,les vertus du système scolaire usuel ? Ce système est le premier rouage cette société bien-pensante et commodément stratifiée où des travailleurs bien formés à une parcelle de travail accomplissent les désirs de quelques cadres bien entraînés à leur dire ce qu’il faut faire, comment le faire, pourquoi le faire ? Je parle en connaissance de cause, ayant été initialement formé par ledit système scolaire à ce rôle d’alpha-plus.

Loin de moi l’idée que tout enseignant pratiquerait le mode de pensée que je crois discerner ici. Il en est de plus libertaires, et aussi de plus conformistes. Mais le rapprochement entre ce que j’ai perçu des principes directeurs d’une des tendances qui se déploient au sein du milieu enseignant et ceux qui à mon analyse sous-tendent cette réflexion et ces propositions s’est bêtement imposé à moi. Cette analyse n’engage que moi, et peut-être, en dépit de cette formation dont je me réclame, ai-je commis une erreur en voyant dans l’article initial le déroulement logique d’une pensée imprégnée du besoin de voir « chaque chose à sa place ».

C’est ça que je trouve courageux : avoir des positions réactionnaires au sens le plus rigoureux du terme, cohérentes au sein d’un système de pensée, et les exposer calmement dans une langue claire, limpide, courtoise.

AgoraVox les publie. Non pas comme un quotidien glisse un paragraphe iconoclaste dans le courrier des lecteurs pour pimenter sa tambouille, mais parce que c’est ça la liberté d’expression exercée dans l’emprise d’un système de régulation.

Question : si AgoraVox mettait en oeuvre les préconisations de l’auteur, ce papier aurait-il été publié ?


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