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Commentaire de patrickk

sur L'identité nationale : le vrai problème c'est l'américanisation


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patrickk 27 novembre 2009 10:08

Je viens de recevoir sur mon adresse électronique perso ce texte très interressant qui va probablement m’amener à modifier le mien. Le voici :

Bonsoir Monsieur,

Je viens de lire votre texte ; j’en approuve et de nombreux aspects et l’idée générale et titre : L’identité nationale : le vrai problème c’est l’américanisation.

Un point cependant m’a fait réagir et je dois vous faire part de mon désaccord avec vous. Je vous cite :

« Mais au lieu de reconnaître l’échec de ses réformes une certaine gauche s’acharne demandant par exemple la suppression d’épreuves de culture générale à certains concours. À quoi sert par exemple d’avoir lu La Princesse de Clèves pour être facteur ou agent de la RATP ? »

Ce n’est pas la gauche, mais la droite, en la personne de Nicolas Sarkozy, repris par Valérie Pecresse, qui a dénié tout intérêt à La Princesse de Clèves ; cela ruine le raisonnement de votre phrase.

Il faut distinguer deux « époques », si l’on peut dire : celle des bêtises de la gauche soixante-huitarde, particulièrement dans l’enseignement, surtout du français (méthodes globales et semi-globales de lecture, rectifications de l’orthographe par incapacité de l’enseigner aux victimes des méthodes globales en question, pédagogisme des IUFM, etc.). Mais la gauche, malgré certains discours théoriques aberrants, n’a pas renoncé à l’enseignement de la culture générale (même si certaines pratiques lui ont, à l’évidence, bien nui).

La droite a été beaucoup moins théoricienne des ses propres aberrations, c’est pourquoi celles-ci sont moins visibles. Mais les attaques d’aujourd’hui sur la culture générale en soi sont bien davantage le fait de la droite que de la gauche. Certes, les bêtises de la droite sont aussi plus récentes, mais la suppression de l’enseignement de la philosophie ou de l’histoire, dans certaines sections, remonte à la présidence de M. Giscard d’Estaing (15 ans après Mai-68). La non-réponse de la droite au pouvoir (sous Giscard, sous les cohabitations mitterandiennes, sous Chirac) aux bêtises de la gauche sus-mentionnées valait acquiescement par son caractère constant. Les heures d’anglais sont d’ores et déjà plus nombreuses que les heures de français dans les collèges et les lycées. C’est la droite mondialisée qui a institué cela. Les sections littéraires deviendront sous peu, du moins est-ce le souhait programmatique de N. Sarkozy, des sections de langues vivantes où l’enseignement sera donné dans la langue enseignée, c’est-à-dire statistiquement en anglais ! Ajoutons que M. Luc Chatel vient à nouveau de proposer la suppression de l’histoire et de la géographie dans les terminales scientifiques (voir : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2902). J’ai pitié de vous, j’arrête la liste... pour ne pas parler de la réforme de l’enseignement supérieur !

Les réformes proposées aujourd’hui par la droite sont sans doute les plus cyniquement matérialistes et « anti-culture » des trente dernières années (qui en ont vu, pourtant !). Le mépris de La Princesse de Clèves en est le signe le plus marquant.

C’est, par rapport à une ancienne bourgeoisie de droite et cultivée (en voie de disparition), un retournement complet. Aujourd’hui la droite est visiblement plus hostile à la culture que jamais ; je regrette que, sans doute par une nostalgie de l’époque où la bourgeoisie était cultivée, nostalgie que je peux fort bien comprendre, vous n’ayez pas fait entrer ce constat dans votre raisonnement que, sur tous les autres points, j’approuve pleinement.

S’il faut garder des raisons d’espérer le retour en grâce de la culture, il me semble que la résistance de citoyens éclairés, comme vous et moi manifestement, en est la clef. A chacun dans le camp de ses propres affinités électives d’y travailler, sans illusion ni complaisance... Je n’ai personnellement aucune préférence pour l’un ou l’autre des camps gauche-droite en présence, et j’essaie de les éreinter équitablement, autant que d’espérer équitablement un renouveau. 

 


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