Autoriser mais limiter l’emprise du religieux sur
l’espace public
Dans cette affaire le peuple suisse semble - prudence à ce jour - avoir été pris entre
deux radicalismes : les anti-musulmans d’extrême droite et les autres
dans la caricature inversée. Or pour convaincre une position juste et
relativement équillibrée était possible. Elle devait être dite haut et
fort.
L’espace public devrait être neutre. Cet idéal
n’est évidemment pas respecté. Il subi l’emprise de la marchandisation et celle du
religieux. A défaut d’être totalement neutre on devrait limiter cette double
emprise.
- COTE EMPRISE MARCHANDE
Les tablleaux d’affichage associatif (souvent
moches certes) disparraissent au profit des grands panneaux publicitaires (très
propres évidemment). Cette dynamique va dans le sens de l’emprise de la
marchandisation du monde. Une autre dynamique plus respectueuse de la vie locale
(mêmes avec ses quelques débordements) viserait à favoriser l’expression
associative de quartier avec plus de panneaux et à limiter la prolifération des
grands affiches commerciales. Il en va de même pour l’emprise historique du
religieux qui est mon propos principal.
- COTE EMPRISE RELIGIEUSE
Autoriser des locaux de prière pour les différentes
religions ne fait pas problème pour l’immense majorité des gens mais sous
certaines conditions. Les religions disposent toutes de locaux sauf l’islam. Ce
que l’on nomme l’islam des caves qui devient l’islam à ciel ouvert - euphémisme
d’islam dans la rue - n’est pas une solution. L’exercice du culte doit être
privé. Ce qui suppose des locaux. Les religions ont de l’argent pour en
construire.
Reste à examiner les conditions. Il convient de rassurer la population sur ce point . Si
aucune garantie n’est prise sur les conditions d’installation alors on
trouve des réactions de protection qui ne font pas dans la nuance Un
compromis, un équilibre des tolérances est nécessaire . Il y a besoin que les
élites politiques affichent leur sens du compromis dont elles sont par ailleurs
coutumières à l’ordinaire . Ce compromis devrait limiter l’emprise du
religieux dans l’espace public . Autoriser certes mais en donnant des
limites. Ce qui pose problème ce n’est pas l’existence de
minarets discrets c’est l’existence de grands minarets et de minarets faisant
appels bruyants à la prière. On dira que les cloches qui sonnent ne semblent pas
posé problème. En toute logique si. Dela même manière que l’appel du muézzin.
Mais il semble que ces appels sont rares.
Que comprendre ?
C’est le caractère ostentatoire
et même impérialiste de certaines constructions qui gêne , qui suscite la réprobation.
Qu’est ce qu’un grand minaret demandera-t-on ? La
réponse vient de la ville de Genneviliers - lue dans Ouest France de ce jour - c’est un
minaret plus haut que la mairie. Autrement dit on prend un bâtiment symbolique
de la République et on dit pas plus haut ! Moins de grandiose et plus d’humilité
pour les religions ne saurait faire de mal à la tolérance mutuelle.
Si l’on veut bien regarder les choses ainsi, alors
on évite l’affrontement et de traiter de racistes et de fascistes des gens qui
ne le sont pas.
Christian Delarue