Comme vous dites très justement
sur un de vos articles, l’homme est aujourd’hui sous l’influence des médias,
« sculpteurs de la réalité aux talents discutés ». Vous faites aussi
allusion au hasard, le destin je pourrais dire, qui, connu d’avance dans sa totalité, nous dicterait des
actes irréprochables mais nous priverait de notre libre arbitre. La
technologie, la science, avancent de la même manière, empirique, faisant des
impasses et s’aliénant des nécessités. Libre d’un côté, prisonnière de l’autre.
Ce n’est donc pas un hasard, si toute une série de choix scientifiques sont
dictés, financés, interdits ou au contraire développés par la cité. C’est de
celle-ci que je parle, et non pas de la science. C’est elle qui se doit
cohérente, avant-gardiste, économe, et surtout anticipatrice. Lorsque celle ci
devient dépendante de l’urgence, des « mauvaises nouvelles » comme
vous dites, elle cesse d’être pensante, elle agit comme l’individu que vous
décrivez, elle devient elle même prisonnière, des médias par exemple, elle
n’est plus autonome. Les mythes
fondateurs, la superstructure idéologique, l’intériorisation des règles et des
lois le coût que chaque société a du payer pour les avoir (histoire) et les
défendre (géographie-s) ne doivent pas s’éclipser sous le poids de la
spécialisation qui crée des citoyens sans repères et perturbe les solidifiants
d’un socle social. Homère enseigne
la grandeur de la mortalité, Aristote l’utilité du politique, Thucydide le fait
« que nous autres civilisations savons désormais que nous sommes
mortelles » bien avant Mauriac. Nous avons des mythes aujourd’hui, souvent
éphémères et changeants, nous avons même nos propres gladiateurs. Cependant le
mythe du progrès, de la science, d’une avancée linéaire imperturbable que rien
n’arrête n’est plus de notre monde.
Je vous concède Hollywood, et
plus généralement votre remarque sur le cinéma. Ce fut un mauvais exemple, une
tournure maladroite : l’image ne remplace pas la réalité et le global tout
simplement n’existe pas.