Extraits d’un article du Monde.
« Quand on est prêtre en banlieue on ne peut pas faire fi de l’islam »,
témoigne Régis Charre, qui vit seul dans l’imposante cure de
Vaulx-Village. Cet ancien dessinateur industriel « gère » quatre églises,
qui réunissent 2 % de la population, dans un environnement marqué par
une forte pratique de l’islam. Comme tous les prêtres et imams
militants du dialogue interreligieux, il défend l’intérêt de ces
échanges pour la qualité du « vivre ensemble » et l’approfondissement de
la foi de chacun. "En s’expliquant les uns aux autres comment on se
rapproche de Dieu on s’enrichit", témoigne en écho Faouzi Hamdi, le
responsable musulman de Vaulx-en-Velin. (...)
"Pendant le
ramadan, je participe à la rupture du jeûne avec une dizaine de
paroissiens« , se félicite le prêtre de Vaulx-en-Velin. »Pour Noël, le
responsable musulman nous a souhaité bonne fête à l’église ; il a été
applaudi", témoigne aussi Jacques Purpan, prêtre à Saint-Fons.
Convaincu de l’importance de « connaître l’autre », il a fait visiter la
mosquée aux élèves du lycée privé... et attend que ceux de l’école
coranique viennent voir l’église... "On se rejoint aussi autour du
soutien aux sans-papiers", ajoute Régis Charre. En revanche, pour
l’action sociale et caritative, la coopération est inexistante.
Si les relations entre responsables catholiques et musulmans sont de
l’avis général « bonnes et basées sur la confiance », chacun est bien
conscient des réticences qui, des deux côtés, freinent la rencontre
entre croyants. "La concentration de Maghrébins dans les quartiers
populaires ne facilite pas les échanges avec les cathos lambda", juge
le père Charre. Ces derniers ne voient pas d’un bon oeil les mariages
mixtes dans lesquels l’islam s’impose, surtout à la naissance des
enfants.
"Dans les milieux populaires, on constate une
difficile cohabitation« , reconnaît le prêtre de Saint-Fons. »Que l’on
ne puisse plus acheter de saucisson dans les boucheries du quartier, ça
a le don de « taquiner » les Gaulois« , raconte l’ancien prêtre-ouvrier.
»Il est vrai aussi que les fidèles musulmans ne sont pas des militants
du dialogue interreligieux", reconnaît Kamel Kabtane, recteur de la
mosquée de Lyon. « L’islam manque encore de cadres pour l’organiser »,
explique M. Gaci, qui juge que "nombre de musulmans, convaincus de
détenir la vérité, ne voient pas l’intérêt de dialoguer".