@Léon
De la question sociale à la question raciale ? : Représenter la société française
A l’ombre des émeutes urbaines de l’automne 2005, c’est la représentation d’une France racialisée qui
s’est
imposée dans le débat public. On n’ignorait pas le racisme, mais on
découvre combien les discriminations raciales, dans l’emploi, le
logement et à l’école, face à la police et à la justice, structurent
des inégalités sociales. En retour, se font entendre des tensions dans
le langage politique de la race, naguère encore interdit de cité.
Aujourd’hui, la question raciale vient ainsi apporter un démenti aux
discours qui se réclament de l’universalisme républicain ; mais elle ne
permet pas davantage de représenter la société exclusivement en termes
de classes. Faut-il ou non parler de races ? Comment nommer ces
réalités sans stigmatiser les groupes qu’elles désignent ? Doit-on se
réjouir que les discriminations raciales soient enfin révélées, ou bien
se méfier d’un consensus trompeur qui occulterait des inégalités
économiques ? D’ailleurs, en a-t-on vraiment
fini avec le déni du
racisme ? A ces interrogations, les auteurs de ce livre ne proposent
pas une réponse univoque, mais leur réflexion collective donne des
outils pour penser l’actualité d’une société héritière de l’histoire de
l’esclavage et de la colonisation. Ensemble, ces études composent un
éloge de la complexité, autour d’un engagement problématisé : comment
articuler, plutôt que d’opposer, question sociale et question raciale ?