Boucherie ou « bricolage social » ?
Michel Husson craint
qu’en sortie de crise, la recherche de rentabilité n’accélère la
précarité de ceux qui ont un emploi. Ce qu’il résume d’une formule : la généralisation du « bricolage social ».
« Dans
la récession, bien des dispositifs qui ont permis d’amortir le choc sur
l’emploi s’apparentent à une RTT de fait : chômage partiel, baisse des
heures sup. Dans la période de sortie de crise, les entreprises vont
chercher à rétablir leur rentabilité en ajustant à la baisse les
effectifs ou en multipliant les contrats précaires. La question qui se
pose maintenant est celle de la répartition du volume global de travail
: après tout, le chômage est une forme-limite de réduction du temps de
travail. Il faudrait une modification radicale du mode de partage du
travail (moindre durée du travail, plus d’emplois) et de la répartition
des revenus (moins de dividendes, plus de salaires). Si cette
modification n’est pas amorcée, on va vers un bricolage social qui va
durcir toutes les tendances déjà à l’œuvre, que l’on peut résumer par
un fractionnement du salariat avec une multiplication des statuts
précaires, sous la double pression de la quête de rentabilité des
entreprises et du rééquilibrage des finances publiques. »
________A en croire Pierre Concialdi, cette précarisation est déjà à l’œuvre à travers le Revenu de solidarité active (RSA).
Pour le chercheur, ce dispositif qui remplace le RMI risque de rater
son but proclamé d’endiguement de la précarité via l’incitation à
reprendre un travail.« Ce
dispositif encourage encore davantage qu’auparavant les salariés à
accepter ces emplois à temps partiel. Les premiers bilans – certes
partiels – tirés de l’expérimentation du RSA confirment que ce risque existe bel et bien.
Dans les zones tests où était expérimenté le RSA, les emplois retrouvés
se concentrent davantage sur les temps partiels et ils sont moins
rémunérateurs que les emplois retrouvés dans les zones témoins (où le
RSA n’était pas expérimenté). Dans ces conditions, le risque existe que
le RSA – comme les dispositifs analogues de soutien aux bas salaires du
type de la PPE – ne soit pas une solution à la précarité mais, au
contraire, un des éléments qui contribuent, sinon à son développement,
du moins à son maintien. »
-Vers une précarité généralisée ?
-Précarité pour tous, la norme du futur ?