Sisyphe,
Justement, j’incorpore tous ces courants, aspirations, luttes, dans mon « inconscient collectif » - ou héritage, si tu préfères.
Longtemps (et encore) l’identité française a été binaire - royalistes contre républicains, droite contre gauche, bourgeoisie contre prolétariat, et ainsi de suite. Cela se vérifie dans les chansons - que tu cites l’Internationale, la Marseillaise, ou Monsieur de Charrette, le premeir vers est invariablement un appel au combat. Autrefois on disait que le trait national du Français c’était son empressement à la bagarre pour un oui ou pour un non. La saignée de 1914 l’en a définitivement guéri...
Alors que reste-t-il ? La mémoire de tous ces combats, de ces expériences communes. C’est pour cela que j’en appelle à une forme de « folklorisation » (j’utilise à dessein ce terme provocant) : on peut se sentir « bien »par rapport à Saint Louis sans pour autant approuver son intransigeance religieuse ; on peut aimer la Commune, sans approuver le massacre des otages ; on peut détester Robespierre et en même temps tenter de sauver de la destruction sa maison familiale (peine perdue...), et ainsi de suite. Evidemment, il y a des limites : il y a des salauds et des criminels irrécupérables dans l’expérience française, notamment la récente.
Je pense que c’est une synthèse à laquelle les Britanniques arrivent très bien - nous on en est toujours à prendre parti pour les Gaulois contre les Romains, et vice-versa.
Donc, pour ne pas partir en digressions, on peut englober dans l’identité la France royale et catholique et la France républicaine et laïque. D’ailleurs, la 3ème République est née d’un compromis. Qui a dit que l’identité était chose simple et unidimensionnelle ?
Ce qui pose problème en ce moment - bien davantage encore que les difficultés liées à l’immigration et à l’Islam-en-France - c’est la destruction de la mémoire qu’une sous-culture mondialisée et marchande fait peser sur notre société, et singulièrement sur l’école.