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Commentaire de Emile Mourey

sur Mais où diable la bataille des Helvètes a-t-elle eu lieu ? IIème partie


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Emile Mourey Emile Mourey 26 décembre 2009 20:51

@ samosatensis

La controverse sur la localisation de Bibracte au mont Beuvray entre ceux qui argumentent à partir des textes antiques et ceux qui argumentent à partir des vestiges archéologiques ne date pas d’aujourd’hui. Elle a déjà opposé, sous Napoléon III, le marchand de vin Bulliot que vous considérez comme un archéologue à l’Officier de l’instruction publique C. Rossigneux qui a fait paraitre dans la Revue des Questions historiques , tome Ier, en 1866, une étude intitulée : Bibracte et le mont Beuvray, du véritable emplacement de Bibracte. Dans cette étude, cet érudit explique, en s’appuyant sur un nombre conséquent de textes antiques, grecs et latins, que Bibracte ne peut pas se trouver au mont Beuvray.

1) Strabon, s’inspirant d’auteurs antérieurs, écrit ceci : « Entre le « Dubis » et l’Arar (la Saône) habite le peuple des Eduens, avec une cité, Cabyllinum (Chalon-sur-Saône), et une citadelle, Bibracte » Ne nous dites pas que Strabon a confondu le Dubis avec la Loire. Si cela avait été le cas, il aurait été la risée de ses contemporains. Il faut lire entre la Saône et la Dheune (cf. Norbert Guinot, linguiste, son livre : la bataille de Bibracte). Bien sûr, vous allez également nous dire que Strabon se trompe encore en situant les Ségusiaves de la même façon, qu’il se trompe aussi quand il écrit que le territoire des Arvernes touchait à celui des Mandubiens d’Alésia (ce qui plaçait alors le mont Beuvray en territoire arverne).

2) Donc, vous jugez Strabon incompétent et César imprécis. C’est votre point de vue. Ce n’est pas le mien. Vos épigraphie, toponymie, vestiges archéologiques etc. sont beaucoup plus sources d’erreurs que les textes, à condition de bien les traduire et de bien les interpréter. C’est là encore mon point de vue. L’Irak et Bush n’ont rien à voir dans cette histoire.

1) Il est d’usage sur Agoravox de ne faire de commentaires que dans le fil de l’article publié. Si je réponds à vos questions hors sujet, c’est pour que vous ne puissiez pas dire que je fuis le débat. Vous n’avez pas mesuré les conséquences que l’erreur de localisation de Bibracte pouvait avoir sur la compréhension des origines de notre histoire, notamment sur la date de constructions de certaines églises dites romanes. Vous en êtes encore au texte de Raoul Glaber qui voyait la terre se couvrir d’un blanc manteau d’églises. Il est pourtant bien évident que, dès lors qu’on accepte de mettre Bibracte à Mont-Saint-Vincent, on est tout naturellement amené à s’interroger sur les monuments qu’on y trouve, modifiés au cours du temps ou non. Les sources écrites dont je parlais dans un précédent commentaire portaient sur les églises d’Auvergne. L’Histoire des Francs de Grégoire de Tours est une mine de renseignements.
Vous ne connaissez et ne comprenez pas mieux le latin que M. Christian Goudineau qui invente une nouvelle traduction en traduisant le « projectis arma » par « armes jetées du haut des remparts ». Je préfère encore la traduction de 1929 du professeur Constans. Je maintiens ma traduction « saxis coagmentis » « pierres maçonnées au mortier de chaux » et vous conseille de lire Vitruve qui décrit la construction d’un mur ou muraille avec deux parements ou parois de pierres maçonnées au mortier de chaux. La différence avec un murus gallicus étant qu’il ne s’y trouve pas de lignes de poutres en façade.
Concernant les murailles et les murs, il est tout à fait normal d’en trouver une certaine variété. Je n’ai jamais prétendu le contraire. Il n’en reste pas moins que le murus gallicus décrit par César l’a été à Bourges et que c’est à Bourges qu’il faut en rechercher la trace et non au mont Beuvray ; vos liens n’y changeront rien, ni votre point de vue militaire, ostentatoire ou symbolique.

3) Concernant les débris d’amphores, j’ai dit que j’y voyais la trace d’un ravitaillement d’une garnison arverne puis d’une troupe germaine puis boïenne qui se sont installées sur ce site parce que stratégique. C’est mon point de vue militaire. Les dates concordent. Vous y voyez une importation de vin pour abreuver une noblesse gauloise en passe de romanisation. C’est votre point de vue de professeur. L’origine de ces amphores est un autre problème. 

4) Concernant la statuette découverte à Mont-Saint-Vincent, j’ai écrit que j’y voyais une statuette de type phénicien, selon moi. J’ai écrit « selon moi ». Je n’affirme rien et laisse à ceux qui se prétendent experts la responsabilité de la décision. Je n’ai jamais dit qu’Henri Parriat ne voyait pas Bibracte à Mont Beuvray. Je dis seulement qu’il aurait dû davantage se poser des questions.


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