Et si, pour changer du médiatique et opaque Tarik Ramadan, nous parlions d’Abdelwahab Meddeb, homme musulman dont le combat contre l’intégrisme, la laïcité, est d’une magnifique limpidité ?
Lors du débat qu’il a tenu face à Tarik Ramadan (émission Ce soir ou jamais du 30 Janvier 2008) Meddeb explicitait la condition pour concilier L’Islam avec la modernité.
Pour lui, seule l’avancée vers la laïcité peut dégager l’islam des archaïsmes qui l’entravent.
Il appelle donc au dépassement de la charia et à l’abrogation du jihad par l’islam officiel, c’est-à-dire celui des États.
Il explique aussi que l’accès à la modernité exige une rupture avec sa
propre origine qui engendre un « travail du deuil » dans la « douleur
de la scission ».
Ainsi sauve-t-il la dimension spirituelle et éthique de l’Islam, en suivant la nuance du soufisme.
Un tel legs spirituel s’accommoderait parfaitement , selon lui, avec la condition
moderne et participerait même à son enrichissement.
Meddeb appelle donc
les musulmans à élaborer une « transmutation des valeurs » qui devrait les amener à cesser de juger les actes et les paroles sur les seuls critères binaires du châtiment et de la récompense, de l’Enfer et du Paradis.
Le recours à de telles références appauvrissent à ses
yeux le champ de l’expérience intérieure et la réduisent à un
« marchandage de bazar » tout en renforçant la censure
sociale et la police des mœurs : ce sont là pour lui des tentations
intégristes attentatoires à la liberté individuelle et à l’intégrité du
corps, lesquelles constituent les deux acquis précieux de la modernité
dont l’islam ne peut éluder ni différer l’adoption.