@ Sylvain
Albert Camus, un personnage complexe qui occupe le
temps. 50 ans, c’était hier et c’est aujourd’hui tant le visionnaire a
ponctué avec justesse ce demi siècle de sa présence prophétique. Son
rival du café de flore fut moins brillant dans la durée. Jean-paul et
Simone. Il fut moins spectaculaire qu’André Malraux mais plus
authentique. J’ai le goût pour la mémoire de ceux que j’aime, pour
Albert Camus, trop d’émotion et trop de souvenir. J’ai fait un petit
papier récemment sur le mythe de sisyphe, j’ai poussé modestement ma
pierre en sa compagnie. Je ne sais pas s’il s’agit de l’effort physique
du géant athlétique ou plutôt la tête bouillonnante d’Albert Camus,
j’étais épuisé. Je salut donc votre courage, pour avoir tenté d’évoquer
son histoire...la route vous a sans doute inspiré.
A. Camus a dérangé beaucoup de gens. Sa réflexion cheminait avec la
méditation. Son intelligence fut originale et sa présence toujours
attachante.
Dans votre article, le début, comme le cheminement de Sisyphe, me
parait fastidieux...c’est le rythme de Camus. Vous êtes inspiré comme
lui, peut être nostalgique, certainement les deux.
Il aimait les actrices, il aimait l’amitié, voilà ce qui lui donne du
charme. Humainement bien vivant, moins dans l’esprit d’une gauche
sectaire qui n’a pas hérité de son intelligence créatrice et qui a bavé
stupidement sur sa vision du monde...Il se plaisait à dire qu’il était
un homme de gauche « malgré elle et malgré lui » mais on ne peut
demander à des staliniens de pratiquer l’humour et la justice. La
droite un peu borgne n’avait pas le coeur assez grand. La vérité dans
tout cela, c’est qu’il faut savoir taire sa mesquine émotion quand un
écrivain nous dérange...il nous parle de notre face cachée. C’est utile
mais c’est un peu douloureux comme une thérapie.
J’ai connu l’Algérie peu après sa mort. Les mentalités ont beaucoup
évolué. L’immense qualité de cet écrivain pauvre, issu d’un modeste
milieu et de l’école de la république, c’est de conjuguer l’histoire à
tous les temps et de sourire à nos cotés. Un ami, sauf respect que je
lui dois. En idéaliste, il voyait un bassin méditerranéen uni et
prospère. Cela c’est plutôt compliqué. L’islamisation s’est radicalisé
et la France a commis beaucoup d’erreurs politiques à travers la
versatilité de ses gouvernements successifs plus ou moins compétents.
Le doute l’habitait mais aussi l’absurde, la révolte...et peut être le
bonheur. Il avait cette intelligence du coeur qui confère la lucidité
et l’honnêteté.
En qualité d’artiste, il offre deux niveaux de lecture. Dans un premier
temps, il est simple et limpide pour ceux qui peinent avec l’écriture.
Dans une seconde lecture, il offre en cadeau, un travail de fond
intense et délicat. Une âme de prince dans une enveloppe de prolétaire.
Extraverti de surface s’abstenir !
« La chute » et « l’Etranger » sont peut être ses deux plus beaux livres.
Dramaturge,
philosophe et journaliste, sa vie fut courte mais riche et
colorée...malgré son visage un peu sombre c’est un être de lumière.
PS : Il est rare de ne pas le rencontrer au hasard des photos avec une
cigarette aux lèvres, il avait de sérieux problèmes
pulmonaires...était-il suicidaire ?
Merci de votre article