La veille,
Luc Chatel disait : "En classe de seconde, si vous prenez deux
élèves, un enfant d’ouvrier et un enfant de cadre, celui d’ouvrier a cinq
fois moins de chances de se retrouver à côté de son voisin trois ans après
en classe préparatoire« . »On ne peut pas continuer comme ça. Et le
seul moyen de l’imposer, c’est effectivement de mettre en place les quotas
dans les classes préparatoires d’abord".
A qui la
faute alors ? Ne serait-ce pas celle de l’Etat, de l’Education Nationale
et de son Ministre ?
Faisons un constat actuel : l’entrée aux Grandes
Ecoles se fait par 2 voies principales :
- les prépa intégrées, type INSA,
ECAM-ICAM, qui prennent au niveau Bac.
- les écoles qui prennent sur concours,
afin de s’assurer dans un but tout à fait assumé par celles-ci, d’avoir les
élèves avec le meilleur niveau possible.
Hors, dans cette deuxième catégorie,
c’est là que le nombre d’élèves boursiers est le plus faible pour les écoles du
« haut du classement » (Polytechnique : 11 % de boursiers,
l’Essec ou HEC à 12 %). Donc les élèves boursiers réussissent moins bien
les concours que les autres (mais 11-12% des effectifs de ces écoles sont tout
de même boursiers, donc c’est tout à fait possible).
Ce matin, dans une tribune
parue dans le monde ,
Alain Minc et François Pinault fustigent en cœur le comportement de ces
directeurs qui, je cite, « [Font] croire que le système actuel de
recrutement est la garantie absolue, pour la France, de disposer des meilleures
élites ? ».
Est-ce que les concours d’entrée sont les meilleurs systèmes de
recrutement ? Surrement pas, des élèves brillants les ratent, mais ils ont
au moins un avantage indéniable : que l’on soit issu de parents riches,
pauvres, musulmans, protestants, roux, blond, garçon ou fille, les chances sont
les mêmes pour tous de réussir ou pas cet examen, ce système est garant d’une égalité
pour tous face à l’entrée à ces écoles.
S’il y a des discrimination, elles ne
peuvent provenir directement de cette sélection.
Alors, pourquoi y’a-t-il moins de
boursiers alors dans ces écoles ? Parce que dans leur parcours pré-examen,
ils n’ont pas eu les mêmes chances que les autres, la République, l’Etat,
l’Education Nationale n’ont pas donné les moyens suffisants à ces élèves de
préparer ces concours. Parce que sortit du Bac, ils n’ont pas pu intégrer les
meilleures « taupes » pour se préparer. Parce que leur Lycée n’était
pas bien côté, ou en banlieue défavorisée.
L’échec des boursiers aux grandes
écoles, s’est juste une petite preuve de l’incapacité de l’état à proposer une
formation égale pour tous.
Et il est tellement plis aisé de rejeter la faute sur la fin de la filière d’éducation...