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Commentaire de Christophe Certain

sur Les français et la crise : la perception n'est pas la réalité


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Christophe Certain Christophe Certain 8 janvier 2010 09:07

« Des locataires qui claquent en général un bon 33% en aglo parisienne et beaucoup moins dans certains coins de province. »

J’aime bien le niveau de précision « dans certains coins de province » . A Nantes où j’habite on atteint les mêmes chiffres, et je ne parle pas du sud de la France où les jeunes sont obligés de partir de leur ville car ils ne peuvent même pas payer le loyer. Les chiffres de l’INSEE sont totalement bidons, comme tous les autres chiffres fournis par l’état, et les statisticiens ont des consignes sur le sujet, un livre est paru récemment sur le sujet (dont j’ai malheureusement oublié le nom), sous un nom collectif à cause du devoir de réserve, où des fonctionnaires de l’état chargés des stats se plaignent du fait qu’ils soient obligés de mentir. Ca s’appelle de la propagande. On en est là.

"Oui mais globalement la quasi totalité des français sont équipés d’un tel téléphone il est donc normal qu’il rentre dans l’indice des prix. "

Oui, mais on n’est pas obligés de changer de portable tous les 6 mois, ni d’avoir d’ordinateur, de télé ou de GPS dernier cri. La part de ces technologies est surestimée dans la part réelle de dépenses, car le prix de ces produits étant en baisse permanente pour une puissance donnée , cela permet d’augmenter artificiellement le pouvoir d’achat.

« Car en moyenne la bouffe c’est 13% des dépenses. »

En moyenne ? Essayez donc d’expliquer à quelqu’un qui gagne 700€ par mois qu’il doit bouffer en moyenne avec 80€ par mois ! Cela n’a aucun sens.

Quand dans une population les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent, comme c’est le cas en ce moment, la moyenne ne change pas. Mieux vaut donc s’abstenir de sortir de tels chiffres quand on veut montrer qu’il y a eu un changement, que ce soit en bien ou en mal. Si vous aimez les chiffres, parlez au moins des écarts-types, et non de moyennes, le résultat sera déjà bien différent, mais comme par hasard, on ne communique pas sur ces chiffres.

"Humm... La je n’en serais pas si sur... Les logements insalubres et indigne cela a toujours existé dans les grandes villes. Cf les bidonvilles à Nanterre, cf le quartier des Landis a Saint Denis (encore aujourd’hui)."

Les bidonvilles de Nanterre ont disparu depuis les années 70, et vous oubliez de dire que s’il y avait des problèmes de logement en France jusque dans les années 60, c’était des suites de la guerre et des villes entières qui ont été rasées par les bombardements. Dans les années 80 ces problèmes étaient pour l’essentiel réglés, même si c’est vrai que ce fut au prix de la construction de tours qui ont créé d’autres problèmes, mais c’est un autre débat.

"Et souvent vivaient en zone rurale alors que les enfants vivent en centre ville. Forcément je n’aurais jamais même si je fais fortune la même baraque que mes parents. Même si je la voulais je ne trouverai pas une telle surface à Paris intra-muros.« 

Qui parle de Paris ? C’est la même chose dans les agglomérations de province, les prix ont explosé et même à 30km du centre-ville en zone rurale. Pourquoi »forcément" ? Comment pouvez-vous soutenir que le niveau de vie n’a pas baissé si on ne peut pas avoir le même logement que ses parents ?

"Acheter, il y a des gens qui ont achetés un petit studio dans lequel ils ont vécu au début de leur vie, puis lorsque leur situation s’est améliorée, ils ont loués à un étudiant et racheté pour eux. Il y a les De Robien, et autres. Les solutions ne manquent pas.« 

Oui, vous faites bien d’employer le passé, parce que maintenant c’est fini. Les solutions ne manquent pas quand on a de l’argent et un travail en CDI, Aujourd’hui une personne qui gagne le SMIC en CDD, ou l’équivalent en indépendant, artisan ou paysan (et il y en a des millions) serait bien incapable d’acheter autre chose qu’une place de parking dans uen grande ville, et de toute façon la banque ne lui prêterait pas l’argent. 

 »Arrétez, ca c’est toujours faisables, quitte à faire les travaux soi même. Seulement faut pas être fainiant !"

voir au-dessus

"Ah non le patrimoine c’est une problématique de riche. Les gens qui sont dans la merde, ils ne demandent pas a avoir un patrimoine ! Ils demandent à avoir le minimum. Une fois que l’on vit bien seulement (et qu’on est donc plus à plaindre) on se pose la question du patrimoine. Sinon c’est gauche caviar !« 

Avoir une mobylette, c’est déjà avoir un patrimoine, parce que si vous perdez votre boulot et que vous n’avez plus d’argent vous avez toujours votre mobylette. D’autre part personne ne demande à avoir le minimum ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Aujourd’hui le patrimoine disparait car on achète tout sous forme d’abonnement et de crédit, donc quand vous n’avez plus de boulot et plus d’argent vous n’avez plus de forfait portable, plus d’internet, plus de voiture, plus d’appart et vous pouvez vous retrouver à la rue en 6 mois si vous n’avez personne pour vous aider. Alors il y a les allocations chômage, mais quand vous êtes gérant d’une boîte, artisan ou travailleur indépendant, si vous mettez la clé sous la porte vous n’avez droit à que dalle. Et le salariat est en train de disparaître pour transformer tous les Français en auto-entrepreneurs, autant dire en auto-esclavagisme.

D’une manière générale on peut voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Le problème c’est la tendance, et la tendance semble indiquer que le verre fuit. Et c’est pour ça que les gens dépriment. Au Brésil où les gens sont bien plus pauvres qu’ici »en moyenne« la tendance est à la hausse du pouvoir d’achat, et les gens ont la banane, même s’ils sont effectivement plus pauvres et qu’ils vivent  »en moyenne" à moitié à poil dans des cabanes en tôle. Expliquer aux Français qu’ils devraient être heureux au lieu d’être déprimés parce que les chiffres le disent, c’est prendre les Français pour des idiots, car ils connaissent bien la réalité de ce qu’ils vivent, contrairement aux statisticiens.


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