Examinons maintenant le problème de la presse. Suivons encore les sénatrices Hermange et Payet :
b) Une presse médicale sous influence
Le noyautage des leaders d’opinion
Les laboratoires contrôlent par ailleurs les leaders d’opinion que sont les journaux médicaux22(*). En effet, pour qu’une publication médicale soit rentable, elle doit accepter d’être pour partie financée par la publicité. Or, les annonceurs intéressés par ce type de presse sont essentiellement les laboratoires pharmaceutiques, qui cherchent à promouvoir leurs produits auprès des professionnels de santé.
Par ailleurs, les articles sont le plus souvent écrits par des spécialistes qui ont des liens d’intérêts avec les laboratoires. Ils ont alors tendance à fonder leur jugement sur des études exclusivement favorables au produit dont ils estiment légitime de promouvoir la prescription.
Claude Béraud, professeur honoraire à l’Université de Bordeaux, dresse ainsi un panorama particulièrement sévère de la presse médicale française :
« Le Syndicat national de la presse médicale et des professions de santé regroupait en 1999 soixante-seize éditeurs et 176 revues et journaux. Trois types de publications sont à la disposition des professionnels :
« 1. La presse médicale quotidienne, diffusée en grande partie gratuitement, est d’une insigne médiocrité sur le plan scientifique. Elle est pourtant la plus lue par les professionnels, en raison de sa gratuité et parce qu’elle défend tous les corporatismes médicaux. Les articles qui ont un objectif thérapeutique sont le plus souvent sans intérêt médical, car il s’agit tantôt de publicités rédactionnelles, tantôt de simples opinions d’auteurs trop sensibles aux arguments de l’industrie pharmaceutique et parfois même rémunérés pour rédiger ces articles. Ces écrits ne sont pas soumis à la critique d’un comité de lecture ;
« 2. Les revues de médecine générale, vendues principalement sur abonnement, n’échappent pas à l’influence des firmes. Leur indépendance n’est pas assurée, car leur équilibre financier dépend du volume de la publicité que leur confient les laboratoires. Leur niveau est variable, mais il tend à s’améliorer. Le contrôle des articles, signés parfois par des universitaires renommés, reste insuffisant ;
« 3. Les revues spécialisées, qui concernent les disciplines classiques (cardiologie, gastroentérologie, etc.), sont habituellement d’un assez bon niveau. Elles sont lues par les spécialistes hospitaliers et une partie des médecins libéraux. Elles apportent une information contrôlée par des comités de lecture parfois sévères23(*). »
La revue Prescrire constitue une forme d’exception dans cet ensemble. Fondée en 1980, elle a bénéficié pendant une dizaine d’années d’une subvention du ministère de la santé. Depuis douze ans, elle est désormais exclusivement financée par les abonnements et totalement indépendante de l’industrie pharmaceutique. Prescrire compte aujourd’hui près de 30.000 abonnés, en majorité des médecins et des pharmaciens, mais aussi quelques laboratoires.
La situation française, dans laquelle la presse médicale n’est pas en vente libre, doit toutefois être relativisée au regard de l’influence de l’industrie pharmaceutique sur la presse aux Etats-Unis. Il est en effet devenu impossible aujourd’hui, pour une revue aussi prestigieuse que le New England Journal of Medicine, de publier l’avis d’un expert indépendant24(*).
http://www.senat.fr/rap/r05-382/r05-38212.html#toc97
Signalons aussi le role du Vidal :
Le quasi-monopole du Vidal
Il existe actuellement quatre bases d’information qui transposent les recommandations officielles sur les médicaments : la base Vidal, la base Claude Bernard, la base thérapie et celle de l’Afssaps en cours de constitution. Elles sont notamment utilisées pour l’élaboration des logiciels de prescription.
La source d’information la plus complète et la plus utilisée par les médecins demeure toutefois le Vidal, qui ne traite pourtant que 50 % des produits et se contente de reproduire les RCP produits pas la commission d’AMM. En outre, l’inscription au Vidal dépend de la bonne volonté des laboratoires, qui en financent le coût.
Il est donc essentiel de disposer d’une base de données alternative, fiable et objective, constituée à partir des décisions d’AMM. L’idée d’un référentiel indépendant sur le médicament est ancienne et sa réalisation par l’Afssaps a été annoncée à plusieurs reprises : dans le plan gouvernemental sur le médicament de février 1998 puis dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2001. (! !!!)
Donnons maintenant la parole au dérangeant site Pharmacitique. Il n’est pas sur que le rapport Hermange-Payet ait eu tant d’effet que cela :
Le Collectif Europe et Médicament fait une lecture critique du projet de loi HPST (« Hôpital, patients, santé, territoires » ou « loi Bachelot ») en ce qui concerne l’éducation thérapeutique des patients : « Éducation thérapeutique des patients (ETP) : bientôt abandonnée aux firmes pharmaceutiques ? ».
Les sénateurs sont en train de légitimer par la loi l’intrusion des conflits d’intérêts majeurs des laboratoires jusque dans la vie privée des malades et de leurs familles, en permettant que des intérêts privés soient impliqués dans l’exercice des mesures d’accompagnement des malades et en rendant la conception des programmes d’accompagnement, d’observance du traitement - et d’éducation thérapeutique en général - par les associations des patients dépendante du financement industriel. Les firmes s’assurent ainsi un précieux accès direct aux malades, précieux parce qu’il représente un moyen direct d’influence par toutes sortes de tactiques publicitaires.
Cela
s’inscrit dans la tendance des firmes à miser de plus en plus sur le
rapport direct aux patients, sur le « marketing relationnel », comme nous
l’avons dit dans cette note qui rend compte d’une analyse économique : "Des
visiteurs médicaux aux publicités à la télévision : le marketing des
laboratoires se recentre sur les patients et les pharmaciens".
Voir aussi :
Ce que j’appelle biais, ce sont des fausses croyances que les médecins acquièrent et diffusent involontairement. Les médecins généralistes n’ont pas prescrit le Vioxx parce qu’ils voulaient tuer des gens ou qu’ils n’en avaient cure des conséquences. Ils ont prescrit du Vioxx aux patients souffrant de douleurs articulaires parce qu’ils pensaient vraiment que ce médicament avait en tout et pour tout un bon profil de sécurité. Ils ne savaient pas que le Vioxx pouvait provoquer des crises cardiaques.
La firme Merck le savait, elle. Elle disposait d’informations indiquant que le Vioxx provoquait plus d’attaques cardiaques
que le Naproxène, qui est un médicament plus ancien, moins cher, moins
risqué et ayant un effet antalgique comparable dans l’ensemble. Qu’à
cela ne tienne. Les publicités de Merck ont mis l’accent sur le fait
que le Vioxx était moins dangereux pour l’estomac. Ce qui est certes
vrai, mais n’est qu’une partie de la vérité.--------
En Angleterre, la presse est moins bâillonnée qu’ici :
Plusieurs médecins et militants associatifs interrogés par le Guardian arrivent à la même conclusion : les professionnels de santé qui acceptent ces « largesses considérables » mettent la médecine au service du commerce pharmaceutique et de l’intérêt économique des firmes en lieu et place du seul intérêt de la santé des patients. Joe Collier, professeur émérite en politique de santé et critique de longue date des conflits d’intérêts, parle d’une « campagne orchestrée par l’industrie pharmaceutique qui a un impact et une influence énormes sur toute la filière du médicament ainsi que sur ce que les médecins prescrivent aux patients. Dans l’ensemble, cette influence se fait au détriment des bonnes pratiques cliniques ».
Selon les firmes pharmaceutiques, tous ces financements relèveraient du soutien à la formation médicale continue.
Justin MacMullan, un leader de l’association Consumers International, réfute les allégations des firmes qui disent payer pour que les médecins soient mieux formés et informés – et donc pour le bien des patients, en fin de compte : « C’est très inquiétant de voir qu’il s’agit en réalité de stratégies marketing hautement efficaces et très bien ciblées. Cet état de fait élimine toute possibilité d’attitude impartiale et met en péril la capacité des médecins à décider du traitement le plus approprié en fonction d’informations médicales non biaisées et en fonction de la balance bénéfices – risques ».
Bref, il semblerait que la science médicale soit bien atteinte par la corruption et l’avidité. Comment s’étonner dans ce contexte qu’on refourgue des vaccins dangereux aux patients
10/01 00:16 - Christoff_M
une petite guerre, une alerte de pénurie, une pseudo pandémie rien de tel pour relancer la (...)
09/01 12:52 - ChatquiChouine
Ben dis donc, t’as creusé la question Philou. Pourquoi ne publies-tu pas un article sur (...)
09/01 11:25 - pigripi
La commission des affaires sociales s’intéresse de très près à la gestion de la (...)
09/01 10:36 - Popol
ça pue le scénario de la psychose combiné avec un plan financier savamment (...)
09/01 09:43 - curieux
Pour être trompé par cette escroquerie mondiale, il faut vraiment posséder une bonne dose de (...)
09/01 09:21 - curieux
Sans oublier la formule de l’énergie cinétique de Léon E=MC²
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