Les solutions faciles, « faisons payer les riches », « interdisons les licenciements », « changeons de système », ne sont plus crédibles.
Derrière ce recul de l’extrême-gauche, une explication : les idées anti-capitalistes reprises depuis 1995 en tremblant par le PS, n’ont plus court. Certes, personne n’adore plus l’ultra-libéralisme, la concurrence partout et l’Etat minimum, mais l’échec du capital a désarmé ceux qui demandent son éradication. La maison est par terre, le chômeur se dit que l’heure est à la reconstruction concrète des emplois, plutôt qu’aux discours de terreur. Les solutions faciles, le « faisons payer les riches », le « interdisons les licenciements », le « changeons de système » apparaissent pour ce qu’elles sont : des non-solutions. Des slogans de manuel qui, sur le terrain, ne sauvent aucun emploi, au contraire souvent, ils découragent les investisseurs. Le capitalisme ajoute en sus une touche cruelle à la défaite gauchiste : il récupère ses idées radicales qui le servent : les nationalisations des banques par exemple !
2009, l’anti-1995 ? Regardez comme la France s’est en définitive comportée dans cette crise sans plus de sur-moi idéologique. Le gouvernement a choisit la relance keynésienne mais par l’investissement et des aides aux plus démunis et en évitant ses anciennes réponses comme « une hausse du smic ». Les syndicats ont été pragmatiques, à Paris comme sur le terrain, acceptant des compromis, sur l’assurance chômage ou le travail à temps partiel par exemple. Le PS lui même n’a certes rien dit mais au moins il n’a pas dit de bêtises. Démonstration est faite que ce réformisme est, dans l’hiver de la crise, beaucoup plus utile que les slogans.
Il n’y a qu’une partie de la population qui ne s’est pas aperçue de ce tournant historique et qui continue de croire vivant le spectre révolutionnaire : les dirigeants du PS. Qui peut le leur expliquer et leur dire qu’avec la crise ce devrait être à eux, aux sociaux-démocrates réformistes, leur heure et leur grand moment ?