Voici une vingtaine d’années, en famille, nous avions consacré un été à faire le tour des châteaux du sud-est, Quéribus, Montségur, Peyrepertuse... Ces forteresses se dressent sur des éminences rocheuses, et sont donc pénibles d’accès, particulièrement en été. Toutefois, quelle récompense nous attendait en haut du raidillon, dans la contemplation de ces paysages spectaculaires dominés par ces vénérables ruines médiévales. Récompense ternie, hélas, par la présence en ces lieux d’immondices déposées par des personnes peu soigneuses. Je ne parle pas d’ordures laissées par des touristes, mais de ce qu’il est convenu d’appeler des « oeuvres » contemporaines, des pierres sciées en stries, des bouts de ferraille soudés, des saloperies diverses et variées que le Ministère de la Culture avait cru bon de déposer dans les cours des châteaux. Je me souviens encore de la pauvre citadelle de Collioures, défigurée par un lacis de poutrelles rouges immenses qui l’entouraient totalement, il ne s’agissait pas d’un échafaudage servant à la restauration, mais encore une fois, d’une « oeuvre ». Le comble, toutefois, nous attendait dans le donjon de la citadelle de Salses, dans la grande salle, où l’on avait chié - le mot n’est pas trop fort - ce qui ressemblait fort à un étron géant ! Cela figurait, d’après le cartelle, la progression de l’humanité depuis l’état de barbarie jusqu’à la civilisation. Cette « oeuvre », pourtant, par sa seule présence, témoignait de l’inverse...